Un journaliste-citoyen sur le banc des accusés à cause de ses publications

Le 11 octobre 2012, s’est ouvert à Hainan (île au sud du pays) le procès de Liu Futang, journaliste-citoyen spécialisé sur les questions environnementales, incarcéré depuis près de trois mois. Les charges retenues contre le journaliste portent sur la publication d’ouvrages dénonçant les catastrophes écologiques sur l’île de Hainan par les entreprises chinoises qui s’y implantent. Liu Futang est poursuivi pour “crime de parole” ou ”parole illégale” (“因言获罪”) et “conduite d’un commerce illégal” sur la base du code pénal chinois. Reporters sans frontières dénonce l’ouverture de cette procédure judiciaire à l’encontre d’un journaliste-citoyen, qui risque d'être injustement emprisonné pour avoir mené des enquêtes et exposé des menaces environnementales dans l'intérêt du public. “Les questions environnementales sont au coeur de toutes les réflexions sur le développement de la Chine. Le seul crime de Liu Futang est d’avoir tenté de diffuser au plus grand nombre, les informations qu’il a acquises au cours de ses recherches. Son procès est une manoeuvre de dissuasion et une incitation à l’autocensure pour tous les journaliste citoyens”, s’insurge Reporters sans frontières. Liu Futang a été arrêté le 20 juillet 2012 par la police de Haikou (ville du nord de l’île) alors que son état de santé était alarmant : il a été emmené de force alors qu’il se trouvait à l’hôpital. La première audience publique de son procès s'est tenue le 11 octobre au tribunal de Haikou. Depuis plusieurs semaines, le journaliste-citoyen ne peut recevoir aucune visite, pas même celle de son avocat. Le journaliste-citoyen de 64 ans a consacré sa carrière à la lutte pour l’environnement en Chine. Il s’est notamment engagé pour la protection des forêts et du littoral de l’île de Hainan. Il a publié, grâce à des dons et ses fonds personnels, des ouvrages intitulés “Rêve vert” et “L’éco-guerrier Liu Futang”, "Les larmes de Hainan” (《绿色的梦》、《生态斗士刘福堂》、《海南泪》). Le journaliste y dénonce notamment la destruction du littoral de Huarun et implique des figures politiques locales. Ces publications, tirées à un total de 18 000 exemplaires et enregistrées sous une numérotation (ISBN) hongkongaise, ont été déclarées illégales. Liu Futang, lauréat, dans la catégorie “journaliste-citoyen”, du prix de la presse chinoise sur l’environnement décerné par The Guardian, l’ONG Chinadialogue et la plate-forme de microblog Sina, a également publié de nombreux articles sur un blog ouvert en avril 2011. Celui-ci est aujourd’hui inaccessible et un message sur la page d’accueil indique que le blog a été fermé. Les sujets sensibles portés à l’attention publique par des artistes, des militants des droits de l’homme ou des écrivains sont régulièrement réprimés par les autorités chinoises, soucieuses d’endiguer la propagation de messages critiques à leur encontre. La Chine figure à la 174ème place sur 179 pays dans le classement mondial 2011-2012 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Le pays figure sur la liste des “Ennemis d’Internet” identifiés en 2012 par l’organisation.
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Mise à jour le 20.01.2016