Un journaliste blessé et un autre intoxiqué dénoncent une attaque ciblée de la police en marge des manifestations enseignantes

Dans le contexte des manifestations enseignantes qui ont agité plusieurs villes du pays ces derniers jours, une équipe de la chaine d’opposition Canal 36-Cholusat Sur dit avoir été victime d’une attaque de la police, le 25 mars 2011 à Tegucigalpa. Cet incident intervient trois jours après l’agression, dans des conditions identiques, de Lidieth Diaz et de son cameraman Rodolfo Sierra, issus du même média, ainsi que de David Romero, directeur de la station Radio Globo. Richard Casulá et son cameraman Salvador Sandoval couvraient une opération policière musclée au sein du Collège des professeurs d’éducation moyenne du Honduras (COPEMH), lorsque des agents de la force publique les ont ciblés à bout portant par des tirs de bombes lacrymogènes. Salvador Sandoval a été blessé au visage tandis que Richard Casulá a subi une intoxication due aux émanations de gaz. Les deux journalistes ont dû être transportés à l’hôpital. “Ces abus répétés des forces de l’ordre contre des médias connus pour leur opposition au coup d’État du 28 juin 2009, dont les plaies restent vives, aggravent encore un climat politique lourd et préjudiciable au pluralisme. Là encore, les autorités doivent donner des gages et honorer leurs engagements internationaux. Les atteintes aux médias commises dans le cadre des dernières manifestations appellent à la fois une enquête administrative et pénale, ainsi qu’un effort de protection en direction des médias les plus vulnérables et exposés”, a déclaré Reporters sans frontières. _____________ 24.03.11 - Agressions et attaques contre la presse se multiplient à nouveau : “La dynamique du coup d’État se poursuit” Reporters sans frontières manifeste son inquiétude devant la multiplication alarmante des violences commises contre les journalistes au Honduras. Sept cas d’agression, parfois graves, ont été enregistrés en l’espace de dix jours et les médias concernés sont tous connus pour leur opposition au coup d’État du 28 juin 2009. Le scandale s’amplifie depuis l’attentat commis, le 13 mars 2011, contre Franklin Meléndez, directeur de la radio communautaire La Voz de Zacate Grande. Dans les heures qui ont suivi, l’auteur désigné des tirs, Porfirio Medina, a publiquement menacé une correspondante de la station, Ethel Correa, d’être “la prochaine à mourir”, d’après les informations du Comité pour la libre expression (C-Libre). A l’acharnement des autorités contre la petite radio et son personnel s’ajoute l’impunité totale pour le responsable présumé d’une tentative d’assassinat. Du côté des médias nationaux, la situation n’est guère meilleure. Reporter de Cholusat- Canal 36, Lidieth Díaz et son mari David Romero, directeur de Radio Globo, ont été attaqués par les forces de l’ordre alors qu’ils couvraient une manifestation du corps enseignant, le 21 mars à Tegucigalpa. Essayant de parlementer avec des policiers antiémeutes, la journaliste s’est vu répondre par un jet de gaz lacrymogène à bout portant. La séquence a été filmée. Le même jour et au cours des mêmes manifestations, Sandra Maribel Sánchez, directrice de Radio Gualcho et le cameraman de Globo TV, Uriel Rodríguez, ont essuyé des tirs de balles en caoutchouc de la part de la police. Le cameraman a été blessé à la jambe, tandis que des policiers ont tenté d’arracher l’appareil photo de sa collègue. “Les promesses formulées par les autorités honduriennes auprès de l’ONU et de l’OEA pour améliorer la situation de la presse servent-elles à dédouaner une répression ciblée contre des médias d’opposition ou réputés tels. Nous avons tout lieu de le croire au vu de ces derniers événements et de l’absence totale de protection octroyée aux médias les plus exposés et vulnérables. La violation systématique du pluralisme démontre, s’il en était encore besoin, que la dynamique du coup d’État se poursuit. Une telle situation appelle la réaction la plus ferme des instances internationales et interaméricaines. Les autorités honduriennes doivent répondre dans les plus brefs délais de leurs engagements”, a déclaré Reporters sans frontières.
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Mise à jour le 20.01.2016