Un journaliste blessé dans un contexte d'insécurité et d'impunité croissantes

Reporters sans frontières est choquée par la tentative d'assassinat sur James Michael Licuanan, commentateur radio, à Cagayan de Oro, sur l'île de Mindanao (Sud), le 24 novembre 2011. Le journaliste a été pris en embuscade vers 21h30 (heure locale), alors qu'il rentrait à son domicile en moto après avoir animé son émission du soir sur Bombo Radyo-Cagayan de Oro City. "Nous sommes indignés par les violences continues à l’égard des médias philippins et témoignons tout notre soutien à James Michael Licuanan. Caractéristique du climat d’insécurité qui entoure l’activité des journalistes, cette agression est une nouvelle preuve de l'urgence, pour les autorités, de lutter contre les crimes à l’égard des professionnels des médias. Elles doivent à présent procéder à une enquête approfondie pour que ce crime ne reste pas impuni", a déclaré l’organisation. James Michael Licuanan a été grièvement blessé par la balle qui lui a traversé l'estomac. Le journaliste est tombé de sa moto, puis, visé à nouveau par des tirs, s'est réfugié dans une caserne de pompiers qui se trouvait à proximité. Les assaillants ont quitté les lieux sur leur moto. Inconscient à son arrivée à l’hôpital, ses jours ne sont à présent plus en danger. Certains de ses collègues, qui ont demandé à ne pas être nommés, ont affirmé que le journaliste avait reçu, deux semaines auparavant, des menaces de mort anonymes par téléphone, après avoir dénoncé un trafic de drogue, ainsi que d'autres formes de corruption dans la ville. Dans son programme du soir, le commentateur radio, qui enquêtait sur l’arrestation d'un suspect, Sammy Yusop, par la Philippine Drug Enforcement Agency (PDEA), aurait également accusé la police de collusion avec des trafiquants de drogue. Le chef de la police de la ville, Gerardo Rosales, a déclaré à l’agence de presse allemande Deutsche-Presse Agentur que la police expliquait cette attaque par des motifs professionnels. Les Philippines sont l'un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes, avec deux journalistes tués cette année en lien avéré avec leurs activités et cinq autres professionnels des médias morts pour des raisons encore incertaines. Deux ans après le massacre de 32 professionnels des médias, exécutés par la milice privée du gouverneur de la province de Maguindanao, Reporters sans frontières a réaffirmé tout son soutien aux familles des victimes du massacre le plus meurtrier de professionnels des médias dans le monde.
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Updated on 20.01.2016