Un journaliste arrêté sur ordre du ministre de l'Energie

Dans une lettre adressée au ministre de l'Information, Docteur Abdul Moyeen Khan, Reporters sans frontières (RSF) a protesté contre l'arrestation du journaliste Aminul Islam Chowdhury. "Le comportement du ministre de l'Energie, qui serait intervenu pour faire arrêter le journaliste, est indigne d'un gouvernement démocratique", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. L'organisation a demandé au ministre d'intervenir auprès de ses collègues de l'Intérieur et de la Justice pour que le journaliste bénéficie d'une libération sous caution dans les meilleurs délais. Par ailleurs, Reporters sans frontières a de nouveau exigé la levée des charges qui pèsent toujours contre le journaliste et militant des droits de l'homme Shahriar Kabir, accusé de "sédition". Selon des informations recueillies par RSF, Aminul Islam Chowdhury, correspondant du quotidien Dainik Ittefaq à Sirajganj (nord du pays), a été arrêté par la police, le 30 janvier 2002, à son domicile. Des policiers ont fait irruption chez lui durant la nuit avec un mandat d'arrêt, accusant le journaliste de ne pas avoir payé sa facture d'électricité. Bien qu'il ait protesté et montré aux policiers les reçus de ses paiements, Aminul Islam Chowdhury a été conduit au poste de police de Sirajganj, où il est resté une nuit en garde à vue. Le 31 janvier, le journaliste a comparu devant la cour de Pabna et ses avocats ont demandé sa libération sous caution. Mais celle-ci a été rejeté le lendemain. Le quotidien Ittefaq avait publié en septembre dernier, pendant la campagne électorale, des articles qui avaient mécontenté Iqbal Hassan Mahmud, le candidat du BNP dans cette circonscription, devenu depuis ministre de l'Energie. Chowdhury est un ancien combattant de la guerre d'indépendance de 1971 et le directeur local du Comité pour l'élimination des collaborateurs et des criminels de guerre, dont le journaliste Shahriar Kabir est le président. Reporters sans frontières a également attiré l'attention du ministre sur de récentes attaques et menaces à l'encontre de journalistes, perpétrées par des militants ou des dirigeants du BNP. Le 1er janvier 2002, Deep Azad, chef du bureau du quotidien Dainik Jugantor à Khulna (sud-est du pays), est menacé de mort par des activistes du BNP. Un ministre a condamné ces menaces et a affirmé qu'il s'agissait de "criminels" et non pas de militants du BNP. Le 5 janvier, Masum Sharif, journaliste du quotidien Dainik Shahnama, est agressé à Barisal (sud du pays) par des activistes de Juba Dal (jeunesse du BNP). Alors que le journaliste couvre une rixe entre deux groupes de jeunes, impliquant notamment des membres de la Juba Dal, il est assailli par un des frères du leader du parti qui, avec l'aide d'un autre homme, le pousse à l'écart et le frappe violemment. Le 8 janvier, Tapan Basu, correspondant à Agailjhara (près de Barisal) pour le quotidien Dainik Ajker Kagoj, est menacé de mort par des activistes armés du BNP. Minhaj Fakir, membre de la jeunesse du parti, furieux par la publication d'un article le concernant, ordonne une chasse à l'homme à l'encontre du journaliste afin de lui "donner une bonne leçon". Depuis ce jour, Tapan Basu craint pour sa vie et reste cloîtré chez lui. Le 26 janvier, Sushanta Kanu, correspondant du journal Dainik Prothom Alo à Jamalpur (nord du Bangladesh), est menacé de mort par Mahbubur Rahman Ansari, un responsable local du BNP. Lors d'une réunion des autorités administratives de Jamalpur, Anwaruk Kabir Talukder, le ministre adjoint des Finances, a mis en cause les journalistes locaux dans des pratiques de corruption. Sushanta Kanu, président du club de la presse de la ville, s'est alors indigné des propos tenus par le vice-ministre sur ses confrères. A la fin de la réunion, des responsables du BNP ont apostrophé le journaliste et lui ont affirmé qu'il "paierait de sa vie" pour avoir insulté le vice-ministre. Suite à ces menaces, le club de la presse de Jamalpur a demandé des excuses de Mahbubur Rahman Ansari. En réponse, le politicien a renouvelé ses menaces de mort, en rappelant au journaliste, de confession hindou, qu'il pourrait également être victime des violences interreligieuses (des dizaines d'hindous ont été tués par des membres de la majorité musulmane). Par ailleurs, Sushanta Kanu a reçu des dizaines de messages de menaces de mort sur son téléphone portable. Le chef adjoint de la police de Jamapur a refusé de recevoir la plainte du journaliste contre le responsable du BNP.
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Mise à jour le 20.01.2016