Un journaliste arrêté et incarcéré dans le cadre de l'affaire Ergenekon

Le 6 mars 2009, le chroniqueur et représentant à Ankara du quotidien républicain Cumhuriyet, Mustafa Balbay, a été arrêté puis incarcéré dans le cadre d'une opération de police visant l'organisation illégale "Ergenekon". Le juge de la cour d'assises d'Istanbul, qui a auditionné le journaliste, a décidé de son incarcération immédiate. Mustafa Balbay est accusé de "tentative de renversement de l'ordre constitutionnel par la force", en vertu de l'article 309 du code pénal turc. "Les accusations dont Mustafa Balbay fait l'objet sont, pour l'heure, vides de preuves. Nous exigeons des autorités judiciaires qu'elles conduisent une enquête réelle, accompagnée de peuves solides de la culpabilité du journaliste. Dans l'attente, nous soutenons la demande de remise en liberté conditionnelle formulée par les avocats de Mustafa Balbay auprès du juge", a déclaré l'organisation de défense de la liberté de la presse. Mustafa Balbay a été arrêté à Ankara, puis transféré au parquet d'Istanbul, où il a dû répondre de sérieuses accusations. L'interrogatoire, lourd de 95 pages, accable le journaliste. Ce dernier est accusé d'avoir "assisté à des réunions secrètes de l'organisation Ergenekon", et de "posséder des documents secrets". Le juge, estimant qu'il disposait d'élements suffisants, a décidé de sa détention dans la prison de Métris à Istanbul. Dans les jours à venir, le journaliste pourrait être transféré dans la prison de Silivri, à l'ouest d'Istanbul, où sont incarcérés l'ensemble des détenus dans le cadre de l'affaire Ergenekon. Mustafa Balbay risque la prison à vie. Ergenekon est un réseau clandestin d'influence kémaliste. L'organisation est accusée de complot terroriste contre le gouvernement de Tayyip Erdogan. Cette dernière fait l'objet d'un procès, ouvert en octobre 2008, dans lequel 86 individus sont mis en cause, dont 41 détenus à la prison de Silivri. En juillet 2008, Mustafa Balbay avait été interpellé une première fois lors d'une vaste opération de police menée dans plusieurs villes du pays. Le journaliste avait été libéré après quelques jours de détention. La Turquie occupe le 103e rang du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
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Mise à jour le 20.01.2016