Un journaliste arrêté

Dans une lettre adressée au Premier ministre népalais, Sher Bahadur Deuba, Reporters sans frontières (RSF) a protesté contre l'arrestation de Gopal Budhathoki, directeur de l'hebdomadaire en népalais Sanghu, à Katmandou. RSF s'est inquiétée des propos du Premier ministre qui a souligné que la presse devait soutenir l'armée et la police dans la lutte contre les terroristes. "L'arrestation de ce journaliste, dans des conditions plus que contestables, atteste une fois de plus de l'impunité dans laquelle opèrent les forces de sécurité, impunité garantie par l'imposition de l'état d'urgence", a affirmé Robert Ménard, secrétaire général de RSF. L'organisation a demandé au Premier ministre la libération immédiate du journaliste. Selon les informations recueillies par RSF, Gopal Budhathoki, journaliste, directeur de l'hebdomadaire en népalais Sanghu, a été enlevé, dans la soirée du 3 mars 2002, par quatre individus alors qu'il rentrait chez lui à moto. Le 6 mars 2002, le Premier ministre avait annoncé que le journaliste avait été arrêté en raison de la publication répétitive d'articles "inventés" sur les forces de sécurité, dans la seule intention de répandre des rumeurs. Selon Devendra Gautam, membre d'une organisation de journalistes, Gopal Budhathoki aurait publié des articles sur les irrégularités financières constatées dans des achats d'hélicoptères par l'armée népalaise. Le Premier ministre aurait ainsi déclaré que "publier de telles informations était équivalent à coopérer directement avec les terroristes". Gopal Budhathoki avait déjà été arrêté par les forces de sécurité le 17 décembre 2001, interrogé puis relâché vingt-quatre heures plus tard. Sanghu avait publié des extraits d'un communiqué du chef des rebelles maoïstes accusés de "terrorisme". Par ailleurs, RSF a rappelé au Premier ministre que plus de vingt journalistes étaient toujours emprisonnés dans le cadre de l'état d'urgence, et lui a demandé de tout mettre en œuvre pour que les actions d'habeas corpus engagées par des avocats népalais et les familles de journalistes emprisonnés soient examinées avec attention et dans le plus grand respect de la loi. Depuis l'instauration de l'état d'urgence, proclamé le 26 novembre par le roi du Népal, la totalité des droits fondamentaux, notamment les libertés d'opinion et d'expression, ainsi que le droit à l'information, ont été suspendus. En vertu des dispositions qu'il met en place, toute personne supportant même indirectement les rebelles maoïstes sera poursuivie. Par ailleurs, l'armée a imposé le contrôle préalable de toutes les informations relatives au conflit avec la guérilla maoïste.
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Mise à jour le 20.01.2016