Un journaliste agressé à coups de couteau

Reporters sans frontières condamne la violente agression dont a été victime le journaliste Sergueï Aslanian (Сергей Асланян) dans la nuit du 28 au 29 mai 2012. « Nous prenons acte de l’ouverture rapide d’une enquête par la police, et nous espérons qu’elle permettra d’identifier dans les plus brefs délais l’auteur et les possibles commanditaires de cette agression. Tout doit être mis en œuvre pour que ce nouvel incident ne s’ajoute pas à la longue liste des attaques contre les professionnels des médias qui demeurent impunies en Russie, a déclaré Reporters sans frontières. Nous appelons toutes les parties et les commentateurs à la retenue dans la couverture de cette affaire. » Après une dizaine d’années au service de la radio indépendante Echos de Moscou, Sergueï Aslanian anime une émission sur les questions automobiles et de transport sur la station Radio Maïak depuis fin 2011. Le 28 mai, peu après 23 heures, il a reçu à son domicile du sud de Moscou un appel d’un inconnu, qui lui a demandé de descendre dans la rue pour lui parler. A peine sur le palier, le journaliste a reçu un violent coup au crâne. Son agresseur lui a ensuite infligé de nombreux coups de couteau avant de prendre la fuite. Sergueï Aslanian a été transféré à l’hôpital Sklifosovski, où un traumatisme crânien et plus d’une quinzaine de blessures superficielles au cou, à la poitrine et aux mains ont été diagnostiqués. Le journaliste a dû être opéré. D’après les médecins, son état est désormais stable et satisfaisant. La police de Moscou a rapidement ouvert une enquête pour « coups et blessures » (article 116 du code pénal), requalifiée par la suite en « dommage corporel prémédité de gravité moyenne » (article 112.2). Les enregistrements de vidéosurveillance réalisés à proximité du lieu de l’agression ont été saisis et sont actuellement à l’étude. La police a affirmé travailler sur plusieurs hypothèses, dont la piste professionnelle. Sergueï Aslanian lui-même lie son agression avec les déclarations polémiques qu’il avait faites à l’antenne de Radio Maïak, dans l’émission « Tsentralny Komitet » (Comité central) du 14 mai 2012. Il y décrivait Mahomet comme un « businessman », dont l’affaire avait si bien marché qu’elle prospérait encore aujourd’hui. Le fondateur de l’Islam avait, d’après lui, « réécrit la Bible », et aurait souffert de « troubles sexuels très sérieux ». Ces propos avaient heurté une partie de la communauté musulmane, dont plusieurs représentants avaient porté plainte contre le journaliste auprès du parquet général pour « incitation à la haine ». Sergueï Aslanian a précisé que son agresseur lui avait reproché de « ne pas aimer Allah » avant de le frapper. Des dignitaires religieux sont intervenus après l’agression pour appeler au calme et rappeler que la possibilité d’une provocation n’était pas à exclure. D’autres sources ont rappelé que les investigations du journaliste sur l’industrie automobile ou la corruption de la police routière pouvaient également se révéler sensibles. Malgré les déclarations de l’ancien président Dmitri Medvedev, l’impunité des assassins et agresseurs de journalistes reste générale en Russie. Le pays stagne à la 142e place sur 179 dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse. (Photo: ITAR-TASS)
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Mise à jour le 20.01.2016