Un journaliste agressé alors qu’il enquêtait sur la prostitution infantile

Le journaliste Oscar Castaño Valencia a été agressé et menacé par des hommes armés le 10 novembre 2014 alors qu’il enquêtait sur l’implication de groupes criminels dans la prostitution infantile dans le département du Antioquia, dans le nord-ouest du pays. Depuis trois mois, le journaliste Oscar Castaño Valencia, directeur de l’émission « Oriéntese » («Orientez-vous») de la chaîne Cosmovisión, mène une enquête sur les activités de groupes criminels - les combos - relatives à la prostitution infantile à Bello, dans le département d’ Antioquia. Le 10 novembre dernier, il avait rendez-vous avec une de ses sources quand il a été attaqué par trois hommes armés et cagoulés. Attaché, menacé et roué de coups, le journaliste a été contraint d’écrire une note dans laquelle il avouait être venu pour violer une mineure. Les agresseurs ont effectué un enregistrement de cette «confession» forcée puis l’ont relâché en lui rappelant que « sa vie était en jeu» («Lo que esta en juego sapo hijueputa es su vida»). Suite à cette agression, Oscar Castaño Valencia a porté plainte auprès du parquet général de la nation à Medellín, capitale du département d’Antioquia et demandé à l’État des mesures de protection. Le journaliste avait déjà été menacé lorsqu’il était président du syndicat de l’Université nationale et dû s’exiler pendant neuf ans en 1987. En 2011, il avait de nouveau été l’objet d’intimidations après la réalisation d’un documentaire sur des conflits liés à l’exploitation minière. Aujourd’hui, il se dit très inquiet pour ses proches. « Reporters sans frontières exhorte l’Unité nationale de protection (UNP) à assurer la protection effective du journaliste Oscar Castaño Valencia et de sa famille dans les meilleurs délais, déclare Claire San Filippo, responsable du bureau Amérique de l’organisation. Le gouvernement doit impérativement s’assurer que les agressions contre les journalistes ne restent pas impunies.» Les combos sont d’une grande violence et connus des services du GAULA, l’unité de police colombienne spécialisée dans des affaires d’enlèvement et d’extorsion. Le GAULA a effectué une descente quelques jours après dans la zone de l’agression d’Oscar Castaño Valencia. La Colombie a connu une recrudescence des menaces à l’encontre des journalistes depuis le début de l’année. Le Bureau du défenseur du peuple, organisme national ayant pour but la promotion des droits de l’homme, a déclaré avoir pris connaissance en 2014 de deux fois plus de dénonciations de journalistes menacés que l’an dernier. La Colombie demeure le deuxième pays le plus meurtrier pour les journalistes en Amérique latine. La Colombie est 126ème sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016