Un journaliste accusé de complot contre le Président

Reporters sans frontières exprime sa vive inquiétude après l'arrestation du rédacteur en chef de l'hebdomadaire privé The Analyst, Hassan Bility. "Ce journal est connu pour son ton très critique envers le président Charles Taylor, et nous espérons que l'accusation de complot n'est pas un prétexte utilisé pour faire taire un journaliste particulièrement critique et virulent envers le pouvoir en place", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans un courrier adressé au ministre libérien de l'Information, Reginald Goodridge. "Nous craignons qu'il ne s'agisse d'une chasse aux sorcières contre les journalistes qui dénoncent la politique du gouvernement", a-t-il ajouté. L'organisation a demandé au ministre de fournir rapidement des preuves de ses accusations ou bien de libérer le journaliste. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, Hassan Bility, rédacteur en chef de The Analyst, a été interpellé, le 24 juin 2002, par des agents de la sécurité. Le journaliste est accusé de collaboration avec les rebelles du Liberians United for Reconciliation and Democracy (LURD). Selon le ministère de l'Information, Hassan Bility est une "figure centrale parmi ceux qui dirigent des cellules à Monrovia en collaboration avec les terroristes du LURD et leurs supporters aux Etats-Unis". Les autorités ont annoncé qu'elles avaient collecté plusieurs courriers électroniques envoyés ou reçus par le journaliste et qui prouveraient ses liens avec les rebelles. Le porte-parole du LURD, à l'étranger, a déclaré que le journaliste n'était "ni un membre du mouvement, ni même un sympathisant". Selon lui, Hassan Bility était également très critique envers le LURD. Hassan Bility est détenu dans les locaux de l'Agence de la sécurité nationale (NSA) à Monrovia. Deux autres personnes non identifiées ont également été interpellées pour les mêmes motifs. Reporters sans frontières rappelle qu'en février 2002, quatre journalistes de The Analyst avaient déjà été interpellés pendant vingt-quatre heures en raison de plusieurs articles qui, selon les autorités, allaient "contre la paix" et "(empoisonnaient) l'esprit du peuple". Par ailleurs, le 26 avril, la police avait perquisitionné les locaux du journal et ordonné sa fermeture. Le président de la République avait personnellement autorisé son retour dans les kiosques, un mois plus tard.
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Updated on 20.01.2016