Un journal indépendant censuré

Le dernier numéro de l'hebdomadaire arabophone Sahafa a été censuré par les autorités pour un dossier sur l'opposition mauritanienne à l'étranger. "Cette mesure démontre, une fois de plus, à quel point les autorités ne tolèrent pas que la presse indépendante donne la parole à des figures de l'opposition. Nous vous demandons de revenir sur cette mesure", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation, dans une lettre adressée à Lemrabott Sidi Mahmoud Ould Cheikh Ahmed, ministre de l'Intérieur. Reporters sans frontières rappelle que, depuis un an, pas moins de huit publications ont été censurées par le ministère de l'Intérieur. Le numéro 14 (daté du 13 janvier 2003) de l'hebdomadaire Sahafa n'a pas obtenu l'autorisation d'impression du ministère de l'Intérieur, en vertu de l'article 11 de la loi sur la presse datée de 1991. Selon ce texte, le ministère de l'Intérieur peut, par arrêté, "interdire la circulation, la distribution ou la vente de journaux (…) qui portent atteinte à la crédibilité de l'Etat". Dans ce cas, le ministère n'est pas tenu de justifier sa décision et il lui suffit de transmettre au journal et à l'imprimerie une "notification" écrite. Selon Mohammed Mahmoud Ould Bacar, directeur du journal, un dossier sur l'opposition à l'étranger, notamment sur l'organisation clandestine Conscience et résistance (CR), basée en France, serait la cause de cette censure. Le 19 septembre 2002, Mohammed Mahmoud Ould Bacar avait été arrêté par des policiers en civil à l'aéroport de Nouakchott. Il avait été interrogé par la police sur ses "relations" avec l'organisation Conscience et résistance. Egalement membre du Comité pour le respect de l'éthique et de la déontologie (CRED), il avait été libéré deux jours plus tard.
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016