Un jeune journaliste assassiné à Galkayo : la série noire continue

Reporters sans frontières est consternée par le meurtre du journaliste Ali Ahmed Abdi, abattu par trois hommes armés alors qu'il rentrait à son domicile, le 4 mars 2012, à Galkayo. Il s'agit du troisième journaliste tué dans le pays depuis le début de l'année. L'organisation dénonce l'inaction des autorités locales comme de la communauté internationale face à cette série d'assassinats intolérable. "Avec déjà trois journalistes assassinés depuis le début de l'année, 2012 est-elle partie pour être plus meurtrière encore que l'année 2009, où neuf journalistes avaient perdu la vie en raison de leur activité ? Qu'attend la communauté internationale pour prendre enfin la mesure de ce carnage ? En Somalie, les professionnels des médias sont livrés à eux-mêmes, seuls face aux ennemis de l'information qui n'hésitent pas à les éliminer. Il est urgent de les protéger et de cesser de laisser courir les criminels", a déclaré Reporters sans frontières. Ali Ahmed Abdi, 26 ans, a été abattu de plusieurs balles alors qu'il marchait près de l'hôtel Guure, dans le quartier d'Is-Raac, au nord de Galkayo, dans la région de Mudug (nord-est du pays). Le motif de son assassinat reste inconnu. Journaliste pour la station Radio Galkayo et contribuant également au site Internet Somali Online, il était membre de l'Union nationale des journalistes somaliens (National Union of Somali Journalists - NUSOJ), organisation partenaire de Reporters sans frontières en Somalie. Il dénonçait activement les violences faites aux journalistes dans le pays, notamment après la violente agression qu'avait subie sa collègue de Radio Galkayo, Horriyo Abdulkadir, blessée par balles en septembre 2011. Après Hassan Osman Abdi, directeur du Shabelle Media Network, abattu devant son domicile par cinq hommes armés non identifiés, le 28 janvier 2012, et Abukar Hassan Mohamoud, directeur de la radio Somaliweyn, tué par balles dans les mêmes circonstances le 28 février, Ali Ahmed Abdi est le troisième journaliste assassiné en Somalie depuis le début de l'année. Aucun suspect n'a pour le moment été appréhendé dans ces trois crimes. Avec cette série en cours, la Somalie conforte sa place de pays le plus meurtrier d’Afrique pour les professionnels de l'information. Reporters sans frontières a recensé 28 journalistes tués depuis 2007 (trois depuis le début de l'année, quatre en 2011, trois en 2010, neuf en 2009, un en 2008, huit en 2007). Préoccupées par cette situation, Reporters sans frontières et la NUSOJ s'efforcent depuis des années de mobiliser la communauté internationale sur les questions de protection des journalistes et de lutte contre l'impunité. Le 22 février 2012, Reporters sans frontières a écrit aux délégations présentes à la conférence de Londres sur la Somalie, pour leur demander de mettre en place une commission d’enquête internationale indépendante chargée d’étudier l’ensemble des exactions commises contre les professionnels de la presse. Le 3 mars 2012, lors d'un événement organisé en coopération avec la mission permanente somalienne aux Nations unies, en marge de la 19e session du Conseil des droits de l'homme à Genève, la NUSOJ, l'International Trade Union Confederation (ITUC) et Reporters sans frontières sont revenues sur les attaques perpétrées contre les journalistes et ont dénoncé l'incapacité du gouvernement actuel à prévenir ces crimes, mais également à enquêter et à rendre justice aux victimes. Photo : Ali Ahmed Abdi (à droite).
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Updated on 20.01.2016