Un internaute condamné à dix ans de prison pour crime de “lèse-majesté”

Reporters sans frontières dénonce la peine prononcée par la Cour criminelle de Ratchada (nord-est de Bangkok), le 3 avril 2009, à l'encontre de l'internaute Suwicha Thakor. Ce dernier a été condamné à dix ans de prison pour “crime de lèse-majesté”, pour avoir publié en ligne divers contenus portant atteinte à la monarchie. Il est détenu à la prison de Klong Prem (Bangkok), depuis le 14 janvier.En savoir plus sur Suwicha Thakor.

Reporters sans frontières dénonce la peine prononcée par la Cour criminelle de Ratchada (nord-est de Bangkok), le 3 avril 2009, à l'encontre de l'internaute Suwicha Thakor. Ce dernier a été condamné à dix ans de prison pour “crime de lèse-majesté”, pour avoir publié en ligne divers contenus portant atteinte à la monarchie. Il est détenu à la prison de Klong Prem (Bangkok), depuis le 14 janvier. “Le crime de lèse-majesté est devenu une arme de répression massive en Thaïlande. La peine qui lui a été infligée est contraire à la liberté d'expression sur Internet. Et hors de toute proportion avec les faits reprochés à Suwicha Thakor. Nous demandons sa libération et appelons le gouvernement à amender cette loi, qui donne lieu à des abus inadmissibles”, a déclaré l'organisation. Selon son avocat, Suwicha Thakor a posté des images, des commentaires et des vidéos que la justice considère comme diffamatoires envers la monarchie. Il a été reconnu coupable d'“offense” en vertu du Computer Act et de deux crimes de “lèse-majesté”. La Cour avait décidé de lui imputer 10 ans de prison pour chacun de ces deux derniers. Ayant plaidé coupable, sa peine a été réduite de moitié. Lors de l'audience, Suwicha Thakor a énoncé quatre phrases après le verdict : “j'ai mal”, “j'ai besoin d'aide”, “j'ai trois enfants”, “je dois rester dix ans en prison mais ce sont cinq personnes qui meurent” (ndlr : son père, sa femme et ses trois enfants). Suwicha Thakor a été arrêté le 14 janvier par le Département d'enquêtes spéciales (Department of Special Investigations, DSI), alors qu'il se trouvait chez des amis en province. L'adresse IP de son ordinateur indiquait que son domicile correspondrait à l'endroit depuis lequel des contenus jugés diffamatoires à l'égard du roi et son entourage ont été postés. Toujours selon le DSI, il aurait quitté Bangkok car il se savait coupable. Son avocat a fait appel de la décision. En vain. Ses deux demandes de mise en liberté provisoire ont été rejetées. Pour le professeur en exil Giles Ji Ungpakorn, également acccusé de crime de “lèse-majesté” en Thaïlande, “Suwicha s'est seulement exprimé sur la monarchie sur Internet (...). Toutefois, personne ne devrait être surpris que justice ne soit pas rendue dans les tribunaux thaïs car il n'y a ni transparence ni responsabilité de la majorité des institutions. Les juges ont leur propre interprétation du crime de lèse-majesté”. Télécharger le rapport "Son intouchable Majesté - Censure et emprisonnement : les abus au nom du crime de lèse-majesté" publié par Reporters sans frontières le 6 février 2009. En savoir plus sur Suwicha Thakor.
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Updated on 20.01.2016