Un deuxième journaliste tué par l'armée israélienne en quinze jours

Le 2 mai 2003 dans la soirée, James Miller, journaliste britannique indépendant, a été tué par des tirs de militaires israéliens à Rafah (sud de la bande de Gaza). "Nous sommes consternés par la mort de James Miller qui survient à la veille du 3 mai, Journée internationale de la liberté de la presse", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Nous exigeons des autorités israéliennes qu'une enquête soit ouverte et que ses conclusions soient rendues publiques. Il est fondamental que les responsables de la mort du journaliste ne restent pas impunis s'il est avéré qu'ils ont commis une faute", a-t-il ajouté. James Miller est le deuxième journaliste tué par des tirs israéliens en 2003 et le cinquième depuis le début de la seconde Intifada, en septembre 2000. Le 29 avril, Reporters sans frontières a annoncé qu'elle mènerait une enquête indépendante sur les circonstances de la mort du cameraman Nazeh Darouazi, tué le 19 avril dernier. James Miller, qui travaille pour une société de production privée britannique, a trouvé la mort le 2 mai alors qu'il couvrait la destruction d'une maison par l'armée israélienne. Selon un porte-parole de Tsahal, les militaires ont ouvert le feu pour riposter contre des tirs de roquettes antichars dans leur direction. Ils ont découvert le corps du journaliste touché d'une balle dans la nuque en ratissant ensuite le secteur. James Miller est mort alors qu'il attendait d'être évacué dans un hélicoptère de l'armée vers un hôpital israélien. L'armée israélienne a exprimé "ses regrets" tout en signalant que le journaliste "avait pris de gros risques en se trouvant dans une véritable zone de guerre". Cité par l'agence Associated Press, un journaliste britannique s'identifiant comme "Dan" a déclaré que James Miller et deux autres journalistes agitaient un drapeau blanc en même temps qu'ils filmaient. "Nous étions tout à fait visibles pour les troupes, avec un drapeau blanc et des gilets marqués 'presse', mais ces dernières ont tout de même ouvert le feu, touchant James Miller", a pour sa part rapporté Abdel-Rahman Abdullah, journaliste indépendant palestinien qui se trouvait sur place et cité par l'agence Reuters. Le 19 avril dernier, Nazeh Darouazi, cameraman de 42 ans de nationalité palestinienne travaillant pour l'agence de presse APTN (Associated Press Television Network) et pour la Télévision publique palestinienne, avait été tué par un tir israélien dans la vieille ville de Naplouse. Le journaliste est mort après avoir reçu une balle dans l'œil, tirée, d'après des témoins, par un soldat israélien. Nazeh Darouazi, qui portait une veste marquée "Presse" de couleur jaune, était accompagné d'au moins cinq journalistes qui couvraient des heurts entre un groupe de jeunes Palestiniens et l'armée israélienne. Reporters sans frontières rappelle qu'en 2002, trois journalistes ont été tués. Le 13 mars 2002, Raffaele Ciriello, 42 ans, photographe, envoyé spécial du quotidien italien Corriere della Sera, a été tué à Ramallah, alors qu'il couvrait des affrontements armés dans le centre-ville. Le journaliste se trouvait derrière un groupe de Palestiniens armés, lorsqu'un blindé israélien, situé à cent cinquante mètres, a soudainement ouvert le feu à l'arme automatique. Les ambulances étant bloquées par des tirs intenses, le journaliste a été emmené par des Palestiniens à l'hôpital Arab Care de Ramallah où il est décédé très rapidement. Selon des sources hospitalières, le journaliste a été touché de six balles à la poitrine et à l'estomac. Le 12 juillet, Imad Abu Zahra, 35 ans, photographe free-lance, est décédé des suites d'une blessure à la jambe après que blindés israéliens ont ouvert le feu au centre-ville de Jénine, sans avertissement, et sans qu'un quelconque danger le justifie. Selon plusieurs témoins, il n'y avait aucun affrontement à ce moment. Un porte-parole de l'armée israélienne avait déclaré : "La foule jetait des pierres et des bombes incendiaires sur nos véhicules qui ont du riposter." Dans la nuit du 21 au 22 septembre, à Ramallah, Issam Hamza Tillawi, 32 ans, journaliste et présentateur de la radio La Voix de la Palestine, a été tué par balle par l'armée israélienne. Le 21 septembre, vers minuit, des milliers de Palestiniens étaient descendus dans les rues de Cisjordanie et de Gaza en signe de protestation contre le siège du quartier général de Yasser Arafat à RamallahIssam Hamza Tillawi, muni d'un magnétophone et d'un sac, s'était mêlé aux manifestants, qui se trouvaient rond-point de l'Horloge, au centre-ville de Ramallah, et réalisait des interviews. D'après les témoins, des soldats israéliens ont alors tiré des gaz lacrymogènes. Le journaliste s'est mis à courir et a été touché par une balle provenant d'un sniper israélien posté en haut d'un immeuble. Le directeur de l'hôpital de Ramallah a confirmé que Issam Hamza Tillawi a été atteint par une balle à l'arrière du crâne. Il est décédé à l'hôpital une demi-heure après avoir été blessé. Selon le rédacteur en chef de La Voix de la Palestine qui l'accompagnait, il aurait porté une veste marquée "Presse".
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Updated on 20.01.2016