Un an de prison ferme requis en appel contre le directeur du journal El Watan

Un an de prison ferme a été requis, en appel, contre Omar Belhouchet, directeur du quotidien El Watan, pour "atteinte à corps constitué". Le journaliste n'avait pas exclu une responsabilité de "clans du pouvoir" dans les assassinats de journalistes commis entre 1993 et 1996.

Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Ahmed Ouyahia, Reporters sans frontières (RSF) a protesté contre la peine requise par le procureur de la cour d'appel d'Alger contre le directeur du quotidien privé El Watan, Omar Belhouchet, pour "atteinte à corps constitué". Reporters sans frontières rappelle que dans un document du 18 janvier 2000, Abid Hussain, le Rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, a demandé "à tous les gouvernements de veiller à ce que les délits de presse ne soient plus passibles de peines d'emprisonnement, sauf pour des délits tels que les commentaires racistes ou discriminatoires ou les appels à la violence (…) l'emprisonnement en tant que condamnation de l'expression pacifique d'une opinion constitue une violation grave des droits de l'homme". "Il est évident que l'exhumation de cette affaire s'inscrit dans le cadre de la récente campagne contre les journalistes", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. Selon les informations recueillies par RSF, le procureur de la cour d'appel d'Alger a requis, le 18 février, un an de prison ferme contre le directeur du quotidien privé El Watan, Omar Belhouchet, poursuivi pour "atteinte à corps constitué". Le jugement a été mis en délibéré jusqu'au 4 mars. Omar Belhouchet avait été condamné en première instance le 5 novembre 1997. Il était poursuivi par le ministère public pour des propos tenus en septembre 1995 sur les chaînes de télévision françaises TF1 et Canal Plus. S'interrogeant sur les meurtres de journalistes algériens, le directeur d'El Watan n'avait alors pas exclu une responsabilité de "clans du pouvoir". Lors de son interrogatoire, le 18 février, le directeur d'El Watan a déclaré que ses propos "ne visaient aucun corps constitué et aucune institution de l'Etat", mais il n'excluait pas que "la mafia politico-financière soit impliquée dans certains assassinats de journalistes". Selon RSF, cinquante-sept journalistes ont été assassinés entre 1993 et 1996 ainsi qu'une quarantaine d'autres employés des médias. La plupart de ces meurtres avaient été revendiqués par différents groupes armés se réclamant de l'islamisme. Néanmoins, pour l'organisation, les circonstances qui entourent certains de ces assassinats demeurent obscures et suscitent de nombreuses interrogations. Le 28 janvier déjà, une journaliste d'El Watan, Salima Tlemçani, avait été convoquée par la police judiciaire d'Alger pour un article daté du 11 décembre 2001 et commentant des nominations au Département du renseignement et de la sécurité (DRS). D'autres journalistes de quotidiens privés et des caricaturistes ont également été convoqués ces dernières semaines par la police judiciaire de la capitale suite à des plaintes pour diffamation du ministère de la Défense nationale.
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Updated on 20.01.2016