Un an de harcèlement contre un journaliste d'investigation et sa famille, pourtant sous protection policière

Reporters sans frontières est indignée par l'agression commise, le 29 décembre 2005, contre le fils du journaliste Daniel Otero, qui avait révélé en 2004 la gestion douteuse des cantines scolaires de Florencio Varela (banlieue de Buenos Aires). Depuis un an, la famille Otero est la cible de représailles orchestrées par les acteurs du dossier. Reporters sans frontières en appelle à la justice fédérale.

Reporters sans frontières est indignée par la tentative d'enlèvement et l'agression subies, le 29 décembre 2005, par Juan Manuel Otero, fils de Daniel Otero, coproducteur de l'émission « Puntodoc » sur Azul TV. Depuis les révélations par le journaliste, en septembre 2004, des carences en ravitaillement dans les cantines scolaires de la commune de Florencio Varela (grande banlieue sud de Buenos Aires), sa famille, et en particulier son fils, est la cible de violences régulières. « C'est la troisième fois que Juan Manuel Otero subit les représailles de personnes mises en cause par son père ou de leur entourage. Ces procédés sont particulièrement lâches et odieux, et d'autant plus incompréhensibles que la famille de Daniel Otero bénéficie officiellement d'une protection policière. La dernière agression de Juan Manuel Otero coïncide avec la libération de deux responsables du Conseil scolaire, écroués à la suite des révélations de “Puntodoc”. Nous craignons que les agresseurs ne jouissent de la complicité d'autorités locales. La justice fédérale se doit d'intervenir », a déclaré Reporters sans frontières. Le 29 décembre 2005, alors qu'il se rendait au domicile de sa grand-mère paternelle à Quilmes (sud-est de Buenos Aires), Juan Manuel Otero a été abordé par trois hommes à bord d'une voiture. L'un d'eux, âgé d'environ trente-cinq ans, est descendu du véhicule et l'a frappé au visage. Un deuxième agresseur a quitté l'habitacle au même moment et tabassé la jeune victime en l'avertissant : « Nous avons d'autres conseils à te donner. » Le premier agresseur a tenté de faire monter de force Juan Manuel Otero dans la voiture, mais ce dernier s'est débattu et a réussi à prendre la fuite, selon le récit qu'a adressé par écrit Daniel Otero à Reporters sans frontières. Le jour de l'agression, Genaro Simioli, ancien président du Conseil scolaire de Florencio Varela et sa trésorière, Viviana Ozán, ont été libérés après une enquête préliminaire sur des absences de ravitaillement et des livraisons de nourriture avariée dans les cantines scolaires de la commune. L'émission dirigée par Daniel Otero, « Puntodoc », avait révélé l'affaire en septembre 2004. Depuis lors, la famille de Daniel Otero a subi des agressions à répétition et la justice locale s'est montrée d'une étonnante passivité. Le 25 décembre 2004, Juan Manuel Otero avait été violemment agressé par une bande de sept individus dont Daniel Pereyra, fils du maire de Florencio Varela Julio Pereyra, lui aussi mis en cause dans l'affaire des cantines. La plainte déposée par le jeune homme avait été transmise au juge au bout de dix jours au lieu des 72 heures prévues dans la procédure et la police avait remplacé la qualification d'« agression » par celle de « bagarre ». Le 12 mars 2005, la vitre de la voiture de Daniel Otero avait été brisée et un couteau avait été placé sur un siège en guise d'avertissement. La protection policière de la maison de la mère de Daniel Otero avait été levée sans préavis, malgré la promesse de la juge locale Claudia Varela de la maintenir, vingt-quatre heures auparavant. Cette même juge, chargée d'instruire la première agression contre Juan Manuel Otero, avait refusé de prendre les dépositions de deux témoins et de recevoir l'avocate de la famille. Le 13 novembre 2005, Juan Manuel Otero a été suivi en voiture par Leonardo Simioli. Le fils de l'ancien président du Conseil scolaire de Florencio Varela a tenté de renverser le fils du journaliste à trois reprises.
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Mise à jour le 20.01.2016