Un cameraman de Reuters refoulé à l'aéroport

Le 15 août 2002, Ahmed Bahaddou, cameraman de l'agence de presse britannique Reuters, a été refoulé vers la Jordanie après avoir été détenu plusieurs heures à l'aéroport de Tel-Aviv. "Nous protestons contre cette expulsion, qui est une nouvelle preuve de la politique discriminatoire menée par les autorités israéliennes vis-à-vis des journalistes arabes", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. Deux autres journalistes arabes avaient, en effet, été expulsés du pays depuis l'incursion de l'armée israélienne dans les territoires palestiniens, en mars dernier. "Nous demandons, par ailleurs, à ce que les engagements pris par Danny Seaman, chef du bureau de presse gouvernemental israélien, auprès du de Tim Heritage, chef du bureau de Reuters à Jérusalem, soient tenus dans de brefs délais", a ajouté Robert Ménard. Danny Seaman a, en effet, déclaré autoriser Ahmed Bahaddou à revenir travailler en Israël à la condition que le journaliste ne couvre que la bande de Gaza et la Cisjordanie. Le 15 août 2002, Ahmed Bahaddou, cameraman de Reuters de nationalité belge, a été refoulé vers la Jordanie suite au refus des autorités israéliennes de lui accorder, la veille, l'autorisation d'entrer en Israël. Dans l'attente de son expulsion, le journaliste a été détenu pendant vingt heures dans une cellule de l'aéroport Ben Gourion, près de Tel-Aviv. Ahmed Bahaddou a déclaré par téléphone à Reuters que "c'était vraiment humiliant" et qu'il "ne s'était pas senti dans une démocratie". Le 14 août, Danny Seaman avait précisé que le ministère de l'Intérieur avait refusé à Ahmed Bahaddou d'entrer en Israël sous la pression du syndicat des cameramen israéliens qui s'oppose à ce que leurs confrères étrangers travaillent en Israël. "Ahmed Bahaddou a tenté d'entrer en Israël sans le visa approprié", avait-il ajouté. Ahmed Bahaddou avait fréquemment couvert, depuis novembre 2001, le conflit israélo-palestinien sans connaître le moindre problème. Comme la plupart des journalistes étrangers, il entrait en Israël avec un visa touristique de trois mois et recevait ensuite l'accréditation lui permettant de travailler. Le journaliste s'était cependant vu demander par les autorités israéliennes, début juillet, de se procurer une autorisation de travail. Le syndicat des cameramen israéliens avait récemment protesté auprès du ministre de l'Intérieur contre l'emploi trop important de cameramen étrangers en Israël par les médias internationaux, au détriment des cameramen israéliens. Or les agences de presse internationales sont généralement contraintes d'employer des cameramen étrangers pour couvrir la Cisjordanie et la bande de Gaza. En effet, d'une part, les journalistes israéliens ne peuvent se rendre dans ces zones pour des raisons de sécurité. D'autre part, de nombreux journalistes palestiniens, privés de cartes de presse, ne peuvent plus circuler librement entre ces différents territoires. Depuis le début de l'année, le bureau de presse israélien a refusé de renouveler les accréditations à nombre d'entre eux. Certains journalistes palestiniens ne disposent plus que d'une accréditation de quelques mois - contre deux ans pour l'accréditation traditionnelle - et d'autres encore d'un nouveau document réservé aux " media assistants ". Reporters sans frontières rappelle que, le 3 juin 2002, Mashhour Abou Eid, correspondant pour l'agence de presse officielle jordanienne Pétra, avait été reconduit à la frontière israélo-jordanienne. Et, le 6 avril dernier, un journaliste américain, Jassem al-Azzawi, d'Abu Dhabi TV, avait déjà été expulsé après qu'on lui eut retiré son accréditation. Par ailleurs, Yousri El Jamal, preneur de son palestinien de Reuters, qui avait été arrêté le 30 avril dernier à Hébron, est toujours détenu par les autorités israéliennes. Le 18 juin, la cour militaire a rejeté les demandes de libération immédiate du journaliste. Le 11 juillet, sa détention a été prolongée pour trois mois.
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Updated on 20.01.2016