Un an après leur arrestation, la situation de sept net-citoyens iraniens reste très préoccupante

Le 17 et 18 juillet 2010, sept jeunes net-citoyens étaient arrêtés dans une rafle par des agents du ministère iranien des Renseignements. Un an après, Reporters sans frontières réitère sa demande de libération et rend publics des extraits de la lettre envoyée le 23 février 2011 à Navanethem Pillay, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, également adressée à l’Ayatollah Sadegh Amoli Larijani, chef du pouvoir judiciaire en Iran : Arrêtés les 17 et 18 juillet 2010, Iman Masjedi, Amir Latifi, Mohammad Reza Gholizadeh, Ladan Mostoufi Ma’ab, Hanieh Sate Farshi, Hojat Nikoui et Sepehr Ebrahimi, sept étudiants âgés de 19 à 28 ans, ont été injustement accusés de “publicité contre le régime”, d’“insulte envers le sacré”, d’“action contre la sécurité nationale en collaboration avec les organisations hostiles à la Révolution”, d’“insulte envers le prophète”, et de “moharebeh” (rébellion contre Dieu). Des motifs qui, selon le code pénal iranien, sont tous passibles de la peine capitale. Le 16 avril 2011, la 28e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran a abandonné les accusations d’“insulte envers le prophète”, et de “moharebeh” qui pesaient contre eux. Toutefois, de lourdes condamnations sont tombées : Iman Masjedi et Sepehr Ebrahimi ont écopé de huit ans de prison, Mohammad Reza Gholizadeh et Hanieh Sate Farshi de sept ans, Hojat Nikoui et Ladan Mostoufi Ma’ab de cinq ans, et Amir Latifi de sept ans et 74 coups de fouet. Les avocats et les familles des prévenus n’ont été informés que récemment de ces condamnations. Leur situation est aujourd’hui très préoccupante. Après leur arrestation, les net-citoyens avaient été placés en cellule d’isolement, dans la section 209 de la prison d’Evin (Téhéran) et maintenus sous pression afin qu’ils avouent être les responsables d’un réseau anti-religieux blasphémant l’islam. Ils ont été torturés pour faire des aveux, utilisés contre eux lors de leur procès. Les avocats assurant la défense des internautes n’ont pu ni rencontrer leurs clients ni consulter leur dossier. Actuellement, ces net-citoyens sont malades ou très affaiblis physiquement et psychologiquement. Ladan Mostoufi Ma’ab et Hanieh Sate Farshi sont incarcérées dans des dortoirs pour femmes appelés Métadone. Iman Masjedi et Mohammad Reza Gholizadeh sont détenus dans le dortoir 350 de la prison d’Evin. Hojat Nikoui, Sepehr Ebrahimi et Amir Latifi sont, quant à eux, à la prison de Rajaishahr (ville de Karaj, au nord de Téhéran), l’une des prisons les plus problématiques en Iran, en raison des nombreux cas de tortures, viols, meurtres. Leur vie est en danger. Certains ont été blessés suite à des attaques à l’arme blanche par des co-détenus. En Iran, les droits des prisonniers sont bafoués, et les détenus sont traités sans considération pour leur état de santé : le blogueur Hossein Ronaghi Maleki, net-citoyen et défenseur des droits de l’homme, arrêté le 13 décembre 2010, purge toujours une peine de quinze ans de prison, malgré une opération des reins et un état de santé très alarmant. Ne bénéficiant pas des soins adéquats, ses jours sont aujourd’hui en danger. Il ne bénéficie pas non plus de la permission de sortie, accordée à tous les détenus, un jour par mois. Autre caractéristique des peines de prison prononcées à l’encontre des dissidents : leur démesure. En janvier 2011, Saeed Malekpour et Vahid Asghari, avaient été condamnés à mort par les tribunaux iraniens, pour “agitations contre le régime” et “insultes à l’islam”. Saeed Malekpour est toujours emprisonné, sa peine a été annulée. Navid Khanjani, jeune blogueur, avait, quant à lui, été condamné en janvier 2010 à 12 ans de prison. Le cas de ces net-citoyens n’est pas isolé : Sakhi Righi, administrateur du blog balochistan-s, arrêté le 18 juin 2009 à Zahedan, sa ville natale, a été condamné à la plus lourde peine de prison jamais prononcée contre un blogueur en Iran - 20 ans de prison ferme - pour “publication des fausses informations” et “action contre la sécurité nationale”. L’Iran, avec une législation liberticide, et surtout 22 journalistes et 16 net-citoyens emprisonnés, se situe à la 175ème place, sur 178 pays, dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2011, et fait partie des “Ennemis d’Internet” répertoriés par l’organisation.
Publié le
Updated on 20.01.2016