Un an après la mort d'Harry Yansaneh, ses assassins sont toujours en liberté

Un an après la mort d'Harry Yansaneh, Reporters sans frontières salue la mémoire du rédacteur en chef par intérim du quotidien indépendant For Di People, décédé le 28 juillet 2005. “Nous nous associons aux journalistes sierra-léonais, aux organisations de défense des droits de l'homme et à la famille d'Harry Yansaneh qui organisent plusieurs journées de commémoration à Freetown, afin de rappeler ce décès tragique qui a traumatisé la profession. Au moment où les autorités et la communauté internationale se félicitent des progrès de l'appareil judiciaire du pays, nous appelons le ministre de la Justice à réouvrir le dossier afin que la mort de ce journaliste ne demeure pas impunie”, a déclaré Reporters sans frontières. Harry Yansaneh avait été sévèrement battu, le 10 mai 2005, par des hommes de main de Fatmata Hassan Komeh, députée du parti au pouvoir. Celle-ci n'était “pas satisfaite du contenu du journal”, selon la Sierra Leone Association of Journalists (SLAJ). La plainte que le journaliste, décédé deux mois plus tard des suites de ses blessures, avait déposée à la police contre Mme Hassan Komeh était restée sans suite. Selon les résultats de l'enquête conduite en février 2006, le décès a été “accéléré par les coups” infligés au journaliste, qui souffrait déjà d'une insuffisance rénale. Un jury avait conclu à un ”homicide involontaire” et le juge Adrien Fisher avait délivré des mandats contre Mme Hassan Komeh et contre deux de ses fils soupçonnés d'être impliqués dans l'attaque. Mais le ministre de la Justice, Frederick Carew, a refusé pour l'instant de les poursuivre. Il a affirmé que les charges étaient insufffisantes, puisque le rapport médical attribuait la mort à une insuffisance rénale chronique. La députée a simplement été entendue par la Criminal Investigation Department (CID) en août 2005 puis relâchée. Reporters sans frontières appelle à la fin de l'impunité dont jouit Mme Hassan Komeh et demande la délivrance de mandats d'arrêt internationaux contre ses deux fils, actuellement au Royaume-Uni. Le 20 juillet, le président de la Banque Mondiale, Paul Wolfowitz, en visite en Sierra Leone, a salué “les efforts de ceux qui essayent d'aller au fond de l'affaire et les efforts entrepris afin de construire une presse libre et forte dans ce pays”, soulignant que la presse joue un rôle clé dans le développement “d'institutions responsables devant le peuple” et “qui permettent d'éviter que ce genre de tragédie ne se reproduise”.
Publié le
Updated on 20.01.2016