Trois radios communautaires suspendues pour avoir diffusé des émissions politiques

Reporters sans frontières dénonce la suspension pour deux mois, le 14 mars 2009, de trois radios communautaires, Oxy Jeunes, Afia FM et Djoloff FM, par le Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA). "Contre toute attente et malgré nos appels répétés en faveur du respect du pluralisme d'opinions, le gouvernement d'Abdoulaye Wade montre une nouvelle fois le mauvais exemple. Après la condamnation à trois ans de prison ferme du directeur de 24 Heures Chrono, El Malick Seck, la suspension de ces radios anéantit les illusions de ceux qui pouvaient encore croire à l'image démocratique du Sénégal. Cet incident nourrit nos inquiétudes sur le comportement des autorités vis-à-vis des médias indépendants dans cette période électorale", a déclaré l'organisation. "Il est temps que le gouvernement lève l'interdiction faite aux médias communautaires, contenue dans l'article 19 de leur cahier des charges, de traiter des sujets politiques, notamment lors d'élections locales. La politique du deux poids deux mesures qui consiste à laisser s'exprimer ceux qui sont favorables au Président mais à faire taire les autres est injuste et absurde", a ajouté Reporters sans frontières. Le 14 mars 2009, le Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA) a suspendu pour une durée de deux mois les radios communautaires Oxy Jeunes, Afia FM et Djoloff FM respectivement situées dans les quartiers de Pikine, Grand Yoff et Linguère, en banlieue de Dakar. Il leur est reproché d'avoir traité de la politique dans le contexte des élections locales, ce qui, rappelle le CNRA, est contraire aux dispositions du cahier des charges régissant les radios communautaires. Les populations de Pikine menacent d'organiser une marche de protestation contre la fermeture de la radio Oxy Jeunes. Reporters sans frontières avait mené, du 4 février 2007 à la clôture du scrutin présidentiel quelques semaines plus tard, une mission de monitoring des médias publics sénégalais pour veiller au respect des règles d'équité. A cette occasion, l'organisation avait constaté que les médias publics sénégalais avaient favorisé le gouvernement pendant toute la campagne électorale. "Nous avions recommandé au gouvernement de s'abstenir d'intervenir de manière ostentatoire dans la campagne électorale et de respecter le principe de la 'réserve ministérielle'. Nous avions également recommandé au CNRA de souligner publiquement ce déséquilibre dans la couverture de l'actualité politique au sein des médias publics", rappelle Reporters sans frontières.
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Mise à jour le 20.01.2016