Trois journalistes d’investigation menacés de mort pour un reportage au Honduras

Reporters sans frontières engage les autorités honduriennes à placer sous protection les journalistes Yanina Romero, Carlos Martínez et Lourdes Ramirez, actuellement menacés de mort pour avoir dénoncé un possible cas de corruption dans un hôpital de San Pedro Sula. Alertés par la mort suspecte de patients de l’hôpital Mario Catarino Rivas, les trois journalistes de la chaîne de télévision KTV ont mené une enquête qui les a amenés à soulever l’hypothèse selon laquelle certains membres du personnel médical auraient intentionnellement provoqué la mort de certains patients afin de servir le marché funéraire et le trafic d’organes. Depuis la diffusion de leur reportage début juillet 2014, les trois journalistes ont reçu plusieurs menaces de mort par téléphone de la part d’inconnus se présentant comme des médecins ou des infirmiers. Toutefois, ces identités ont été infirmées par le service de relations publiques de l’hôpital. Plusieurs personnes se sont également présentées devant les locaux du média, participant de la manœuvre d’intimidation contre les journalistes. Ces derniers ont déjà prévenu la police. “Des mesures de protection de l’équipe de KTV doivent être prises dans les plus brefs délais, déclare Camille Soulier, responsable du bureau Amériques de Reporters sans frontières. Les autorités doivent considérer ces menaces avec le plus grand sérieux, afin que Yanina Romero, Carlos Martínez et Lourdes Ramirez ne s’ajoutent pas au 37 journalistes assassinés depuis le coup d’État de 2009. Le gouvernement doit de toute urgence entendre les recommandations de la Commission interaméricaine des droits de l’homme selon laquelle les professionnels de l’information menacés doivent bénéficier d’un dispositif de protection.” Ces menaces surviennent dans un contexte de pression toujours préoccupant envers les professionnels de l’information au Honduras. Ricardo Oviedo, responsable du programme politique ”Frente al pueblo, ante la audiencia” ("face au peuple, devant le public") diffusé sur la chaîne Canal 27, est également menacé de mort. Les agresseurs contactent le journaliste en plein direct, utilisant la plateforme de témoignage des auditeurs par téléphone : “Tu n’as donc rien retenu, si tu continues on va te faire la peau”. Le journaliste avait été déjà contraint à l’exil en 2010. Dina Meza, la correspondante de Reporters sans frontières au Honduras, fait toujours l’objet de menaces constantes, malgré ses demandes répétées de mesures de protection auprès du ministère de l’Intérieur. Sa deuxième lettre aux autorités est, à l’instar de la première, restée sans réponse. Le Honduras est 129e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2014.
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Mise à jour le 20.01.2016