Trois journalistes de Radio Sol menacés et agressés à Santa Fe

Après avoir reçu des menaces en direct, trois journalistes de Radio Sol située dans la ville de Santa Fe (Nord) ont été victimes d’une agression, le 31 août 2014, par des individus affirmant appartenir aux forces de l’ordre. Les professionnels de l’information en Argentine dénoncent en outre un harcèlement régulier de la part des autorités, notamment à l’intérieur du pays. « Nous allons venir vous chercher à la porte de la radio, il ne faut pas plaisanter avec la police municipale ». C’est la menace qu’ont reçue par téléphone les présentateurs de Radio Sol Jorge Cantero, Ignacio Herraez et Alejandro Paganelli lors d’une émission en direct le 31 août 2014, par des individus se présentant comme des membres des forces de sécurité institutionnelle (Guardía de Seguridad Institucional). Plus tard, lorsque les journalistes sont sortis de la station, des hommes masqués se sont jetés sur eux. Les collègues d'Alejandro Paganelli ont pu rejoindre les locaux de la radio, alors ce dernier s’est réfugié dans sa propre voiture. Après avoir tenté de forcer et endommager le véhicule, les hommes se sont enfuis. Une enquête a été ouverte, et le département de communication de la municipalité de Santa Fe a contesté la participation de membres de la GSI, affirmant qu’il ne s’agissait pour l’instant que de soupçons. D’après le Forum de journalisme argentin (Fopea), cela fait maintenant deux mois que les journalistes, dont le directeur Juan Ignacio Citroni, de la Radio Sol sont régulièrement la cible de menaces, suite auxquelles une garde policière avait été mise en place la journée. A présent, une surveillance est également garantie la nuit. “Reporters sans frontières exhorte les autorités à identifier les responsables de cette agression dans les plus brefs délais, déclare Camille Soulier, responsable du bureau Amériques de l’organisation. Les mesures de sécurité mises en place ne seront efficaces au long terme que si ces actes d’intimidations sont condamnés." L’Argentine est un pays relativement sûr pour les journalistes, bien que les autorités n’hésitent pas à user de la force ou de la censure pour contrôler une information considérée comme gênante, notamment à l’intérieur du pays. Ainsi, le collaborateur du quotidien Primera Edición et de la radio San Martín Martin Sereno a été agressé physiquement par le maire d’une municipalité de la province de Misiones (Nord) alors qu’il interviewait un groupe de personnes affectées par une inondation. Le 19 juin dernier, la police nationale a arrêté un camion de distribution de la revue La Tecla dans la province de Buenos Aires. Selon les conseillers juridiques du média, l’opération a été conduite de manière irrégulière, et les directeurs du magazine y voient là une censure à un reportage sur le détournement de fonds impliquant le maire de la ville de José C. Paz. L’Argentine est 55ème sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016