Trois journalistes arrêtés pour "vol de documents administratifs"

Reporters sans frontières s'inquiète de l’arrestation, mardi 13 juillet, de trois journalistes du Nouveau Courrier d’Abidjan et des méthodes expéditives du procureur de la République, Raymond Tchimou. Sur ordre de Raymond Tchimou Fehou, procureur de la République du tribunal de première instance, trois journalistes du Nouveau Courrier d’Abidjan, Saint Claver Oula, rédacteur en chef, Stéphane Guédé, directeur de publication et Théophile Kouamouo, directeur de rédaction, ont été interpellés par la police criminelle. Le procureur leur reproche d'avoir publié les conclusions de son enquête sur les détournements dans la filière café-cacao. Le document, classé secret d’Etat, avait été remis quelques semaines plus tôt au président Laurent Gbagbo. Mardi 13 juillet, le procureur a convoqué le directeur de rédaction Théophile Kouamouo à ses bureaux pour le contraindre à révéler ses sources. Ce dernier a refusé. Le procureur a alors ordonné son interpellation par la police criminelle qui l’a placé en garde à vue après l’avoir entendu. Les locaux du journal ont ensuite été perquisitionnés. Les journalistes de la rédaction ont été mis en joue par le commissaire de la police criminelle, Maxime Gogoua, et ses hommes. Un ordinateur a été emporté. Plus tard dans la journée, le directeur de publication et le rédacteur en chef ont rejoint Théophile Kouamouo à la police criminelle afin d’être entendus et placés en garde à vue. Tous les trois ont passé la nuit dans les cellules de la police criminelle. Ils seront présentés devant un juge pour "vols de documents administratifs". Ce sont des méthodes que Reporters sans frontières n’avaient pas observées en Côte d’Ivoire depuis de nombreuses années. L’accusation de vol ne tient pas la route. Il est important de garder à l’esprit que la protection des sources est un principe fondamental de la pratique du journalisme, principe qui a tout son sens dans une affaire aussi sensible que celle de la filière café-cacao. Reporters sans frontières ne peut que déplorer une grave menace à la liberté de la presse et appelle à la libération immédiate des trois journalistes.
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Mise à jour le 20.01.2016