Trois auteurs matériels présumés de l’assassinat d’un journaliste arrêtés ; risques de pression sur les enquêteurs

L’enquête sur l’assassinat du directeur de programmes de la chaîne de télévision Canal 6, Pedro Alonso Flores Silva, dans la nuit du 7 septembre 2011 à Casma (Nord-Ouest), a connu des progrès encourageants en une semaine. Entre les 14 et 16 septembre, la police a annoncé avoir arrêté trois auteurs matériels présumés du crime. Il s’agit d’Emilio José Ciriaco Ágreda, 21 ans, surnommé "Macuto", de Rubén Darío Castillo Antaihua alias "El Viejo", 38 ans, et d’un troisième complice répondant au surnom d’“Alex”. Les autorités ont également déclaré avoir retrouvé l’arme du crime, un passe-montagne et deux motos dans la résidence "El Viejo", connu des services de police pour ses activités délinquantes. "El Viejo" a avoué sa participation au crime et le recrutement de son complice “Macuto”, dans la simple intention d’“effrayer” la victime. Selon les informations du journal Cronica Viva, “El Viejo” aurait agi sur ordre d’une autorité locale, laquelle aurait même tenté de soudoyer les enquêteurs. L’identité de ce commanditaire n’a pas été divulguée. "Ces progrès notables dans l’enquête sur la mort de Pedro Alonso Flores Silva nous encouragent à espérer que le mobile de son assassinat sera rapidement établi et ses responsables identifiés. Nous attendons des résultats similaires pour les procédures conduites dans les deux autres cas d’assassinats de journalistes survenus cette année, ceux de Julio Castillo Narváez, directeur de programmes de Radio Ollantay, et de José Oquendo Reyes, directeur et animateur du programmes "Sans frontières" de la chaîne BTV Canal 45. Dans ces trois affaires, la manifestation de la vérité dépendra de la capacité des enquêteurs à résister à toute pression", a déclaré Reporters sans frontières. _____________ 9.09.11 - Les pouvoirs publics pressés de donner des gages après l’assassinat d’un deuxième journaliste depuis le début de l’année Victime de tueurs masqués à proximité de son domicile le 7 septembre 2011, Pedro Alonso Flores Silva a succombé le lendemain à ses blessures par balles au côlon et au foie. L’assassinat de ce journaliste de 36 ans, directeur de programme pour la chaîne de télévision Canal 6 à Casma (Nord-Ouest) porte à deux le nombre de professionnels des médias tués depuis le début de l’année. Selon les premières informations rapportées par l’Institut presse et société (IPYS) et l’Association nationale des journalistes du Pérou (ANP), l’épouse et collègue du défunt, Mercedes Cueva a aussitôt avancé un mobile politique. La victime était la cible régulière de menaces depuis trois mois pour avoir mis en cause le maire de la localité de Comandante Noel, Marco Rivera Huerta, dans des affaires de corruption. L’édile, qui avait engagé des poursuites contre le journaliste, a nié toute implication. “A bien des égards, l’assassinat de Pedro Alonso Flores Silva présente les mêmes antécédents que celui de Julio Castillo Narváez, survenu le 3 mai dernier lors de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Même région nord du pays. Mêmes affaires sensibles et mêmes types de menaces. Enfin, même piste politique avancée a priori. Le peu d’avancée de l’enquête – avec à ce jour deux arrestations sans plus de résultats – dans ce précédent cas d’assassinat nous fait malheureusement craindre les mêmes lenteurs dans l’enquête qui s’annonce sur cette nouvelle tragédie. L’histoire a malheureusement montré, au Pérou, un fort degré d’impunité quand des crimes commis contre des journalistes mettent en cause de près ou de loin des hommes politiques, magistrats ou policiers”, a déclaré Reporters sans frontières. “Tout en adressant nos condoléances aux proches et aux collègues de Pedro Alonso Flores Silva, nous réitérons notre appel en direction du gouvernement et des plus hautes instances judiciaires pour que des gages forts soient rapidement donnés contre l’impunité et en faveur de l’exercice du droit d’informer”, a ajouté l’organisation. Un signal fort passerait d’ores et déjà par la dépénalisation des délits de presse et la libération sans délai de Paul Garay Ramírez, directeur de programme de la chaîne Visión 47 TV et correspondant de la station de radio La Exitosa, condamné à trois ans de prison ferme le 19 avril dernier pour "diffamation" envers un magistrat. La peine du journaliste a, depuis, été réduite de moitié. Reporters sans frontières joint sa voix à celle des organisations professionnelles péruviennes pour qu’il recouvre la liberté.
Publié le
Updated on 20.01.2016