Tour d’Europe des manifestations de la Journée internationale de la liberté de la presse

Si Reporters sans frontières a fait une « action coup de poing » devant l’ambassade d’Iran à Paris, pour la 20e Journée internationale de la liberté de la presse, nos correspondants et les journalistes d’Europe et d’ex-URSS ont également tenu à marquer cette journée. Petit tour d’horizon des actions les plus symboliques : Arménie Une exposition de photographies consacrées à la liberté d’expression a été organisée à Erevan (capitale) pour célébrer la Journée internationale de la liberté de la presse. Avec pour titre « Liberté de la presse : le droit de savoir », le message était clair pour cette exposition organisée par le Centre arménien pour la liberté d’information, en coopération avec l’OSCE et le Département de l’information publique des Nations unies. Journalistes, représentants des institutions de l’Etat et société civile étaient ainsi réunis autour de 30 clichés reflétant l’importance du droit d’être informé, et rappelant à l’Etat le rôle qu’il a à jouer pour rendre ce droit effectif. Cette manifestation a été l’occasion de rappeler le caractère fondamental du libre accès à l’information, une des conditions de la liberté d’expression. Azerbaïdjan Des journalistes azerbaïdjanais indépendants se sont rassemblés avant d’aller se recueillir sur la tombe d’Elmar Huseynov, l’éditeur en chef du magazine Monitor. Depuis son assassinat le 3 mars 2005, lui rendre hommage le jour de la liberté de la presse est devenu une tradition. Depuis cinq ans, aucun progrès n’a été enregistré dans l’enquête sur l’assassinat de l‘une des plus grandes figures du journalisme dans le pays. La journée pour la liberté de la presse a également été l’occasion de tenir une table ronde sur la liberté d’Internet. Géorgie Plusieurs journaux régionaux ont affiché une page vide à la Une le 3 mai, avec pour seul habillage le titre « Donnez-nous l’information ». Près d’une douzaine de médias ont rejoint le mouvement, afin de souligner un problème récurrent dans le pays : les journalistes rencontrent, il est vrai, de grandes difficultés à accéder à l’information publique. Depuis 2000, les cas de refus d’accès aux données officielles se multiplient. Moldavie Si la société civile moldave a longtemps été moribonde, plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) spécialisées dans les médias ont organisé une série d’actions à Chisinau, la capitale. A travers ces manifestations, elles souhaitaient attirer l’attention de la population sur les problèmes que rencontrent les journalistes dans le pays. Ainsi, le Centre des jeunes journalistes a organisé une flashmob afin de montrer que les médias moldaves sont surpolitisés. Comme on peut le voir sur la vidéo de la manifestation, la dizaine de participants portaient des T-shirts blancs sur lesquels étaient affichés les noms des divers partis politiques. A la fin de l’action, ces affiches étaient enlevées pour signifier que les médias doivent servir le public et non la politique. Au même moment, une conférence de presse était organisée par le Centre indépendant du Journalisme. Elle présentait l’état de la presse en Moldavie depuis mai 2009. L’Union des journalistes de Moldavie a, quant à elle, appelé les journalistes à relever le défi de l’indépendance lors d’un meeting. Les participants ont demandé aux autorités de faire leur possible pour libérer Ernest Vardanean, détenu en Transnistrie, région séparatiste. Ukraine Plus d’une cinquantaine de journalistes du quotidien Express ont manifesté dans la gare ferroviaire de Lviv, à l’ouest du pays. Six d’entre eux se sont volontairement enchaînés à un train, en scandant des slogans comme « Où allons-nous ? ». Ce train provenant d’Europe et se dirigeant vers la Russie symbolisait l’évolution de la situation de la presse dans le pays, qui, depuis l’élection de Viktor Ianukovitch début 2010, s’aggrave de manière significative. Selon les journalistes, l’Ukraine est à mi-chemin entre l’Ouest et la Russie, et la liberté de la presse « n’existe que sur le papier ». Un des journalistes a clamé le texte suivant : « Nous protestons contre les attaques portées contre les journalistes, nous protestons contre les pressions exercées sur eux, nous protestons, parce que nous voulons vivre! Nous demandons que la sécurité des journalistes soit garantie, que des enquêtes soient ouvertes immédiatement sur tous les cas d’agressions, afin de punir tous ceux qui les ont attaqués... Nous exigeons des actions, pas des paroles! Où allons-nous, M. Ianukovitch? ». L’Institut des médias et l‘Union des médias indépendants de Kiev ont, eux, présenté leur liste des « ennemis de la presse 2009 ». La première place est occupée par le procureur général d’Ukraine, Oleksander Medvedko. Pour l’année 2009, Viktor Ianukovitch devenu Président en février 2010, occupe la 10e place du classement… Reporters sans frontières tient à féliciter les journalistes et organisations qui ont mis en place ces actions. L’organisation salue ces initiatives et espère qu’elles porteront leurs fruits. La Journée internationale pour la liberté de la presse est l’occasion de rappeler aux gouvernants leurs obligations envers les médias, mais elle est aussi une belle opportunité à saisir pour sensibiliser la population, qui ne se sent pas toujours concernée.
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Mise à jour le 20.01.2016

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