Tentative de blackout de l’information sur les mobilisations antinucléaires

Mise à jour : Henadz Barbarytch et Alyaksandr Iarachevitch ont été condamnés ce 29 avril 2013 à trois jours d’emprisonnement. La peine étant rétroactive, ils devraient être remis en liberté ce soir. ---- Reporters sans frontières dénonce fermement l’arrestation de plusieurs journalistes qui couvraient une manifestation antinucléaire le 26 avril 2013 à Minsk (capitale). Cette marche, organisée par des militants écologistes et de l’opposition, a lieu tous les ans à la date anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl. Au moins six journalistes ont interpellés, et leur matériel examiné. Quatre d’entre eux ont rapidement été remis en liberté, mais les correspondants de la station indépendante Radio Racyja, Henadz Barbarytch (Геннадий Барбарич) et Alyaksandr Iarachevitch (Александр Ярошевич), sont jugés le 29 avril à Minsk pour “refus d’obtempérer aux forces de l’ordre”. “Les médias sont une fois de plus les victimes collatérales de la tolérance zéro du régime d’Alexandre Loukachenko vis-à-vis de la société civile et de l’opposition. Les deux journalistes de Radio Racyja n’ont fait que leur travail en rendant compte d’un événement d’intérêt général, et ils n’avaient aucune raison d’être inquiétés par les forces de l’ordre. Nous demandons au tribunal du district Sovietsky de Minsk, de lever immédiatement les charges qui pèsent contre eux et de les remettre immédiatement en liberté”, a déclaré l’organisation. Henadz Barbarytch et Alyaksandr Iarachevitch ont été arrêtés alors qu’ils couvraient la marche, en possession de leurs cartes de presse. Ils auraient refusé de suivre les policiers qui voulaient les écarter de la manifestation. Deux journalistes du journal indépendant Nasha Niva, Aksana Rudovitch (Оксана Рудович) et Iryna Arahouskaïa (Ирина Ореховская), ont été interpellées un peu plus tard par des agents en civil et emmenées au poste de police. Elles avaient essayé de filmer la violente arrestation par des agents en civil d’un manifestant, l’anarchiste Ihar Troukhanovitch. Après un examen approfondi de leur matériel et de leurs cartes mémoires, les deux journalistes ont été relâchées sans être inculpées. Au total, au moins une quinzaine d’individus ont été interpellés en marge de l’action à Minsk. Plusieurs autres personnes ont été empêchées de se rendre à la manifestation par des agents en civil. Dans un incident séparé, deux journalistes indépendants, Alyaksandr Barazenka (Аляксандр Баразенка) et Nastassya Iaumen (Анастасия Явмен) ont été interpellés à Astravets (région de Hrodna, à l’ouest du pays) alors qu’ils couvraient un déplacement de l’opposition sur le site de construction prévu pour une nouvelle centrale nucléaire. La vidéo qu’ils avaient filmée a été effacée, et ils ont été relâchés trois heures plus tard. La rédaction de Radio Racyja a découvert le 29 avril que des inconnus s’étaient introduits dans leurs locaux à Minsk pendant le week-end. Aucun vol ne serait à déplorer. D’après une collaboratrice de Radio Racyja, les auteurs de l’infraction auraient de grandes chances d’être des policiers, dans la mesure où les journalistes arrêtés portaient sur eux les clés des locaux. Les sites web de plusieurs portails d’information d’opposition, comme Charter97 et Belarussky Partizan, ainsi que le site de l’organisation de défense des droits de l’homme Vyasna, avaient été hackés avant la manifestation. Le Bélarus figure à la 157e place sur 179 dans le classement mondial 2013 de la liberté de la presse réalisé par Reporters sans frontières. Image : Viktor Drachev / AFP
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Updated on 20.01.2016