Tentative d’assassinat de Lukpan Akhmediarov : l’enquête doit remonter jusqu’aux commanditaires

Le procès des agresseurs présumés de Lukpan Akhmediarov (Лукпан Ахмедьяров), entamé le 14 mai 2013, se poursuit le 22 mai devant le tribunal régional spécialisé d’Ouralsk (Nord-Ouest). Le célèbre journaliste d’opposition avait été victime d’une tentative d’assassinat devant son domicile, dans la nuit du 19 au 20 avril 2012. “Si la première enquête était une farce, il faut saluer le travail sérieux mené par l’investigation depuis qu’elle a été reprise à zéro, il y a près d’un an. Une fois n’est pas coutume, les garanties procédurales semblent avoir été respectées. Le caractère planifié de l’agression et son lien avec l’activité professionnelle de Lukpan Akhmediarov sont reconnus. Il est désormais crucial que l’enquête remonte jusqu’aux commanditaires de cette attaque barbare. Le procès doit se poursuivre dans la plus grande transparence possible”, a déclaré Reporters sans frontières. La première audience était ouverte aux journalistes, mais à la demande des prévenus, ceux-ci n’avaient pas le droit de photographier et de filmer les débats. Quatre individus sont sur le banc des accusés : Almaz Batyrkhaïrov et Manarbek Akbulatov, les auteurs présumés de l’attaque ; Askhat Takhambetov, soupçonné de l’avoir planifiée à la demande d’un commanditaire inconnu ; et Mursalim Sultangereev, qui aurait conduit les agresseurs devant le domicile du journaliste. Tous les quatre sont inculpés pour “tentative d’assassinat” (article 96-24 du code pénal) et “constitution d’un groupe criminel organisé” (article 235). Tous refusent cette qualification. Almaz Batyrkhairov et Manarbek Akbulatov reconnaissent avoir agressé le journaliste sur instigation d’Askhat Takhambetov, mais affirment qu’ils voulaient seulement lui faire peur et n’avaient pas l’intention de le tuer. Le chauffeur reconnaît les avoir transporté mais affirme ne pas avoir eu connaissance du but de la course. L’organisateur présumé, quant à lui, nie toute implication. Une première enquête, conduite par la police locale, avait conduit à l’arrestation en mai dernier de suspects qui n’étaient que des boucs émissaires. Elle avait été annulée par la suite, et de nouvelles investigations avaient été lancées par une équipe spécialement dépêchée de la capitale. Lors d’un entretien à Astana en janvier 2013, Lukpan Akhmediarov avait confié à Reporters sans frontières que les deux agresseurs présumés étaient bien ceux qui l’avaient attaqué. Il déclarait avoir toutes les raisons de faire confiance à l’enquête actuelle. Le journaliste réclame aux prévenus un total de 10 millions de tenge (51 540 euros) de dommages et intérêts. Il s’est dit prêt à retirer cette demande si les suspects désignaient le commanditaire. Journaliste de l’hebdomadaire local Ouralskaïa Nedelia et lauréat 2012 du prix Peter Mackler, Lukpan Akhmediarov avait été violemment frappé à la tête, poignardé à multiples reprises et visé par des coups de pistolet à air comprimé dans la nuit du 19 au 20 avril 2012. Le journaliste était resté un mois à l’hôpital et avait ensuite été contraint de suivre un long traitement. Un total de 28 millions de tenge (144 300 euros) de dommages et intérêts lui avait été exigé dans différentes affaires liées à ses publications dans une claire logique d'asphyxie économique. Le Kazakhstan figure à la 160e place sur 179 pays dans le classement mondial 2013 de la liberté de la presse, établi par Reporters sans frontières. Image : Uralsweek
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Mise à jour le 20.01.2016