Suspensions d'émissions et d'un journaliste à la radio-télévision d'Etat : Reporters sans frontières dénonce une vague de censure

Reporters sans frontières dénonce la vague de censure imposée au cours des derniers jours par les autorités équato-guinéennes à la Radio-Télévision nationale de Guinée équatoriale (RTVGE), un média d'Etat déjà sous haute surveillance du ministère de l'Information dirigé par Jeronimo Osa Osa. Jeronimo Osa Osa Le 3 mars 2011, les émissions en langue française de la radio d'Etat ont été momentanément suspendues. "Par ordre d'une autorité supérieure, restent momentanément suspendues les émissions radiophoniques en langue française", indique une note signée par le directeur de la radio, José Esono Bacale. Le document, qui ne fournit aucun motif pour expliquer la suspension, stipule que "les journaux et émissions d'entretien" sont concernés par cette mesure. En Guinée équatoriale, la radio d'Etat dispose d'une rédaction en français, la deuxième langue officielle du pays depuis 1998, derrière l'espagnol. Plus tôt dans la semaine, Juan Pedro Mendene, animateur de l'émission "Détente" à la RTVGE, avait également été "suspendu". Tout indique que les autorités lui reprochent d'avoir fait allusion la situation en Libye, alors que les révoltes dans les pays arabes sont interdites d'antenne. "Je suis suspendu parce que j'ai dit (à l'antenne) que j'étais le guide de Détente et non le guide libyen", a affirmé le journaliste. Quelques secondes après, le secrétaire d'Etat en charge de l'information, de la radio et de la télévision, Federico Abaga, est venu et "a demandé à la technicienne de couper le micro. Il m'a demandé d'abandonner non seulement le studio mais la radio", a-t-il poursuivi. Le journaliste a ajouté avoir été frappé par le garde du corps du secrétaire d'Etat alors qu'il quittait la radio, une version confirmée par plusieurs témoins ayant requis l'anonymat. Reporters sans frontières est scandalisée par le comportement des autorités de Malabo qui n'hésitent pas à censurer à leur guise les journalistes et les programmes d'un média public. Ces suspensions sont non seulement injustes mais absurdes car, quoiqu'il fasse, le gouvernement ne pourra pas indéfiniment cacher à la population les événements politiques qui secouent le reste du monde. Le 15 février dernier, alors que l'écrivain, blogueur, et directeur de magazine Juan Tomas Avila Laurel avait entamé une grève de la faim pour protester contre le manque de libertés en Guinée équatoriale, Reporters sans frontières avait dénoncé le "black-out médiatique" organisé par les autorités sur les révoltes dans le monde arabe . "Le ministre de l’Information et porte-parole du gouvernement, Jeronimo Osa Osa, a donné des instructions claires au personnel de la radio-télévision d’Etat RTVGE pour que les événements en Tunisie et en Egypte ne soient pas couverts", avait alors déclaré l'organisation. Enfin, selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, il apparaît que le site Internet Afrol News (afrol.com), critique de la politique de Malabo, a connu ces deux dernières semaines une baisse drastique de sa fréquentation en Guinée équatoriale. Il n'est pas possible de savoir s'il s'agit d'un problème technique ou d'une tentative du gouvernement de bloquer ce site. Afrol.com est de plus en plus difficile à consulter en Guinée équatoriale. La Guinée équatoriale occupe la 167e place, sur 178 pays, dans le classement mondial 2010 de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières. Son président, Teodoro Obiang Nguema, figure depuis plusieurs années parmi la liste des prédateurs de la liberté de la presse .
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Mise à jour le 20.01.2016