Snuq Jolom Konob, radio communautaire réprimée au Guatemala

Le maire de Santa Eulalia dans le département de Huehuetenango (ouest) a violemment empêché la réouverture de la radio communautaire Snuq Jolom Konob, le 20 mars dernier. Reporters sans frontières (RSF) s’alarme de la répression à l’encontre des médias communautaires dans le pays. Les administrateurs autochtones de la radio Snuq Jolom Konob fermée par le maire depuis deux mois ont voulu organiser, le 20 mars, une cérémonie de réouverture de leurs locaux. Mais le maire et ses partisans les en ont empêchés. Lucía Ixchíu, journaliste de Prensa Comunitaria, rapporte que ces derniers ont insulté, intimidé et violenté la communauté et les journalistes présents. Certains agresseurs étaient armés. “Reporters sans frontières s’alarme de la violence des autorités locales de Santa Eulalia et de leurs partisans à l’encontre de la radio Snuq Jolom Konob. Cet événement est malheureusement représentatif de l’attitude hostile des autorités guatemaltèques à l’encontre des médias et notamment des radios communautaires, déclare Claire San Filippo, responsable du bureau Amériques de l’organisation. L’organisation demande à ce que les responsables présumés de ces violences soient traduits en justice et que l’impunité cesse.” La radio Snuq Jolom Konob a notamment couvert les conflits liés à l’installation de l’entreprise hydroélectrique Hidro Santa Cruz dans une zone où les communautés autochtones maya, akateko, chuj, popti’ et q'anjob'al sont majoritaires. Cette couverture médiatique de la défense du territoire ancestral des peuples autochtones a créé un malaise au sein des autorités locales qui favorisent la présence de l’entreprise. Les radios communautaires effectuent un travail d'information particulièrement important au Guatemala, notamment dans les régions autochtones et rurales, en diffusant une information accessible et ancrée dans les problématiques locales. La législation en vigueur défavorise cependant les médias associatifs au profit des médias établis notamment depuis la réforme de la loi générale des télécommunications promulguée en 2012. Cette loi a entériné la forte concentration du paysage médiatique guatémaltèque. Elle a ainsi permis aux médias déjà dépositaires de fréquences de les renouveler de manière quasi automatique pour une durée de vingt ans tout en omettant de régulariser la situation des médias communautaires. Ceux-ci se voient donc dans l’impossibilité d’obtenir des fréquences légales. Considérées par les autorités et les réseaux de télécommunication comme “pirates”, les radios communautaires se trouvent dans une situation particulièrement vulnérable et risquent à tout moment la confiscation de leur matériel ou à la fermeture. Soutenez la réouverture de la radio de Santa Eulalia en signant la pétition. Le Guatemala est 129ème sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2015.
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Mise à jour le 20.01.2016