Sik et Sener incarcérés depuis 100 jours

Le 18 juin 2011, un millier de personnes ont défilé sur l’avenue Istiklal à Istanbul pour exiger la libération des journalistes d’investigation Ahmet Sik et Nedim Sener, ainsi que leurs confrères emprisonnés. Marquant les “cent jours sombres de la justice”, cette manifestation est la troisième grande marche organisée depuis l’incarcération des deux hommes, le 6 mars dernier. Le mouvement de soutien aux journalistes ne faiblit pas, alors que la quatrième demande de libération provisoire des journalistes a été rejetée par le parquet d’Istanbul. L’acte d’accusation n’a toujours pas été présenté. “Après les élections du 12 juin, le gouvernement doit prendre des mesures urgentes pour mettre fin au harcèlement judiciaire des journalistes et garantir le droit à l’information. La libération immédiate d’Ahmet Sik et de Nedim Sener serait un pas symbolique important dans cette direction”, a déclaré Reporters sans frontières. L’organisation prend acte du geste du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui a annoncé l’annulation des plaintes en diffamation qu’il avait déposées contre quatorze personnes, dont plusieurs journalistes comme Ahmet Altan de Taraf ou Meriç Velidedeoglu de Cumhuriyet. Mais cela reste un fait du prince qui ne saurait faire oublier les milliers de procès en cours contre des professionnels des médias, comme l’a déclaré au cours de la manifestation du 18 juin le journaliste de CNN Türk Ridvan Akar, au nom des ‘Amis d’Ahmet Sik et de Nedim Sener’ : “La colère d’un seul homme au pouvoir, tout somme son pardon, est incompatible avec la démocratie. La démocratie dans notre pays n’a pas besoin de demi-mesures mais d’un système judiciaire qui fonctionne bien”. “Ce que les professionnels des médias attendent du Premier ministre”, a-t-il rappelé, “c’est l’abolition de la Loi antiterroriste et des cours d’assises à juridiction spéciale, outils permettant à la justice de poursuivre régulièrement les journalistes, voire de les incarcérer”. Ces demandes figurent en tête des recommandations adressées aux autorités turques par Reporters sans frontières dans son rapport d’enquête intitulé “Médias et justice en Turquie: entre méfiance et réflexes sécuritaires”. Ce document est largement consacré à l’affaire Sik et Sener, devenue le triste emblème du harcèlement judiciaire qui touche les journalistes en Turquie. Lire le rapport d’enquête de Reporters sans frontières : Lire les précédents communiqués de Reporters sans frontières sur l'affaire Sik et Sener : - Des journalistes d’investigation victimes de perquisitions et arrestations en série (04.03.2011) - Ahmet Sik et Nedim Sener incarcérés (07.03.2011) - La justice persiste et signe dans l’affaire Sik et Sener (17.03.2011) - Saisie et destruction du manuscrit d’Ahmet Sik : "un très dangereux précédent" (25.03.2011) (Photo: Ayça Söylemez, Bianet)
Publié le
Updated on 20.01.2016