Sept suspects arrêtés dans l’enquête sur l’assassinat du blogueur Décio Sá

Un entrepreneur et ancien conseiller municipal compte parmi les sept personnes arrêtées le 12 juin 2012 par la police de l’État du Maranhão, dans l’enquête sur l’assassinat, le 23 avril dernier dans un bar de São Luis, du journaliste et blogueur Décio Sá. La piste professionnelle semble se préciser, les individus mis en cause au premier chef dans le dossier ayant fait l’objet de dénonciations de la part de la victime, qui animait sa propre page Internet tout en travaillant au service politique du quotidien O Estado de Maranhão. “Nous nous félicitons réellement des progrès accomplis dans cette enquête. Justice sera, nous l’espérons, rendue rapidement pour Décio Sá dont l’assassinat rappelle le risque extrême encouru par des journalistes qui osent traiter du crime organisé ou de la corruption. Nous formulons la même attente pour les autres cas restés impunis, et notamment ceux de Mario Randolfo Marques Lopes et Paulo Rocaro, tués en février dernier”, a déclaré Reporters sans frontières. Glaúcio Alencar Pontes Carvalho, entrepreneur de 34 ans, et son père José de Alencar Miranda Carvalho, 72 ans, sont désormais accusés d’avoir commandité l’assassinat de Décio Sá. L’associé de Glaúcio Alencar, Raimundo Sales Charles Júnior, 38 ans ; Fábio Aurélio do Lago e Silva, 32 ans ; et Airton Martins Monroe, 24 ans, sont accusés d’avoir passé contrat avec Jhonathan de Souza Silva, 24 ans. Egalement inculpé de trafic de drogue, ce dernier a avoué 20 autres assassinats sur les 49 dont il est suspecté dans les États du Maranhão et du Pará. Enfin, un ancien capitaine du bataillon de choc de la police militaire du Maranhão, Fábio Aurélio Saraiva - arrêté lui aussi - aurait fourni au tueur l’arme du crime. Un dernier suspect arrêté deux jours après la mort de Décio Sá mais relâché depuis, Valdênio José da Silva, a été assassiné la veille de ce coup de filet. Un autre individu nommé Fábio Roberto Calvacante Lima, est déjà détenu dans la même affaire. Selon la police, Décio Sá aurait été tué pour avoir eu connaissance de pratiques d’usure et de racket attribuées à Glaúcio Alencar, et surtout de son implication dans l’assassinat d’un prêteur sur gages. L’élucidation de l’affaire Décio Sá devrait permettre à la police de démanteler un véritable réseau criminel rassemblant, entre autres, les acteurs du dossier. ______________ 24.04.12 - Le journaliste et blogueur Décio Sá tué par balles Le journaliste et blogueur Décio Sá, 42 ans, a été froidement abattu par un homme dans un bar de São Luís dans l’État de Maranhão (Nord-Est du pays), le 23 avril 2012. Sá travaillait depuis 17 ans au bureau politique du journal régional O Estado do Maranhão qui appartient au groupe Mirante de Comunicação. Il était également l’animateur du Blog do Décio, l’un des plus consultés de la région. « Nous réclamons que toute la lumière soit faite sur la mort de Décio Sá. Cet assassinat, rigoureusement planifié, doit alerter les autorités sur la sécurité des journalistes dans les régions Nord et Nord-Est du pays. Ces dernières doivent veiller à ce que les journalistes puissent travailler librement et sans danger lorsqu’ils dénoncent des faits de corruption et différents trafics. Après une année 2011 meurtrière pour la presse brésilienne (3 morts), la tendance à la violence semble continuer avec quatre journalistes assassinés ces quatre derniers mois », a déclaré Reporters sans frontières. Le Secrétaire de la sécurité publique, Aluísio Mendes, a déclaré aux médias locaux qu’il s’agissait d’un acte prémédité : « C’est un crime commandité. Les assassins sont venus jusqu’au bar avec l’intention d’exécuter le journaliste sans même cacher leur visage. C’est un crime qui demande une enquête spécifique. Nous mènerons des recherches approfondies ». Selon plusieurs témoins, le journaliste se trouvait au bar Estrela Dalva, situé dans une zone très touristique à São Luís, quand un individu lui a tiré dessus à six reprises et a aussitôt pris la fuite avec un complice qui l’attendait à l’extérieur du bâtiment en moto. Les autorités ont trouvé sur les lieux du crime un chargeur de pistolet qui serait compatible avec les balles qui ont tué le journaliste. L’arme qui aurait été utilisée étant à l’usage exclusif de la police, de nombreuses questions sont posées sur l’identité des criminels. En cinq ans d’existence, Blog do Décio était devenu l’un des plus visités de l’État de Maranhão. Les publications de Sá traitaient de sujets d’actualité politique, de faits de corruption et du crime organisé qui sévit dans la région. Le Brésil a connu une chute de 41 places au classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières, il est situé aujourd’hui à la 99e place sur 179.
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Mise à jour le 16.10.2016