Sadio Kante Morel, une journaliste qui dérange les autorités congolaises

La journaliste Sadio Kante Morel a été expulsée du Congo par les forces de l’ordre le 22 septembre sous prétexte qu’elle n’aurait pas la nationalité congolaise. Depuis Bamako où elle s’est réfugiée, la journaliste crie à l’injustice. La journaliste indépendante Sadio Kante Morel, dans le collimateur du gouvernement depuis plusieurs mois, a été expulsée du Congo dans la nuit du 22 au 23 septembre. Selon les autorités, elle séjournait illégalement sur le territoire. Pourtant, Sadio Kante Morel est née à Brazzaville, ce qui lui confère la nationalité congolaise de plein droit. « Erreur administrative ou excuse pour se débarrasser d’une journaliste devenue gênante ? s’interroge Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique chez Reporters sans frontières. Les pratiques récentes des autorités congolaises envers la presse nous font pencher vers la deuxième hypothèse. Quoi qu’il en soit, nous exhortons le gouvernement à remédier au plus vite à cette expulsion inacceptable ». Sadio Kante Morel, ancienne de l’agence britannique Reuters, est connue pour être particulièrement virulente et critique à l’égard du gouvernement – un comportement qui tranche avec celui de nombreux journalistes qui ont adopté l’autocensure comme technique de survie. Lorsque le journaliste Elie Smith a été agressé à son domicile le 10 septembre dernier, elle avait été la première à lancer l’alerte. En septembre 2013, ses tentatives de couvrir le procès Ntsourou lui avaient valu d’être violentée par les forces de l’ordre. La situation de la liberté de la presse au Congo, classé 82e sur 180 pays dans le Classement mondial 2014 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, se détériore depuis plusieurs mois alors que se profile la possibilité d’un référendum constitutionnel visant à permettre au président Sassou-Nguesso à briguer un nouveau mandat en 2016. (en photo : Sadio Kante)
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Mise à jour le 20.01.2016