Ruslan Sharipov en liberté surveillée

La condamnation de Ruslan Sharipov a été commuée en une peine de deux ans de travaux d'intérêt général. Le journaliste a été transféré dans une ville située à 600 kilomètres de la capitale. "Ce qui est présenté comme un aménagement de la peine du journaliste ne vise en réalité qu'à l'isoler davantage et à l'empêcher de faire entendre sa voix", a déclaré Reporters sans frontières.

Au terme d'un procès à huis clos, le 23 juin, la cour du district de Khamzincki (région de Tachkent) a condamné Ruslan Sharipov à deux ans de travaux d'intérêt général dans la ville de Boukhara (centre du pays). Reporters sans frontières a dénoncé "la violation grave des droits de la défense lors de cette mascarade de procès", dans un courrier adressé au président Islam Karimov. "Ce qui est présenté comme un aménagement de la peine du journaliste ne vise en réalité qu'à l'isoler davantage et à l'empêcher de faire entendre sa voix. Nous demandons qu'il soit libre de ses mouvements et qu'il puisse reprendre ses activités de journaliste et de défenseur des droits de l'homme", a déclaré l'organisation. La cour a ordonné le transfert de Ruslan Sharipov vers Boukhara, ville située à 600 kilomètres de la capitale, dans laquelle il n'a pas de famille. Il doit y purger le reste de sa peine en effectuant des travaux d'intérêt général et reverser un quart de son salaire à l'Etat. Il ne pourra pas quitter la ville sans autorisation préalable de la police. L'audience s'est tenue à huis clos, en l'absence des avocats de l'accusé. Aucun de ses proches n'avait été prévenu. Ruslan Sharipov a été transféré à Boukhara le 25 juin. Une commission s'était réunie, le 12 juin 2004, pour examiner la possibilité de réduction de la peine de Ruslan Sharipov. Le journaliste, ayant purgé le tiers de sa peine, aurait pu bénéficier d'une amnistie. Le 25 septembre 2003, Ruslan Sharipov, âgé de 25 ans, avait été condamné en appel à quatre ans de prison pour homosexualité (art. 120 du code pénal) et relations sexuelles avec un mineur (art. 128). A l'occasion d'une amnistie générale, en décembre 2003, sa peine avait été réduite à un peu plus de trois ans. Les autorités avaient alors indiqué qu'il pourrait être libéré en juin 2004. Ancien président du Syndicat des journalistes d'Ouzbékistan UIJU et correspondant de l'agence de presse russe Prima, il avait été arrêté le 26 mai 2003. Le 8 août, il avait, sous la contrainte, plaidé coupable, demandé pardon au président Karimov pour tous ses articles critiques et renoncé à être défendu par un avocat. Le 5 septembre, il avait adressé un courrier au secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, dans lequel il expliquait avoir été obligé de plaider coupable après avoir subi des tortures physiques et psychologiques. Ruslan Sharipov, qui n'a jamais nié sa bisexualité, avait affirmé ne pas connaître les victimes présumées. Celles-ci avaient également été interpellées le 26 mai et gardées en détention pendant trois ou quatre jours. Selon la défense de Ruslan Sharipov, les adolescents auraient été battus et menacés par la police pour les convaincre de comparaître devant la cour. De fait, le procès avait dû être ajourné à plusieurs reprises en raison de leur absence à la barre. Depuis plusieurs années, Ruslan Sharipov fait l'objet de multiples pressions visant à lui faire abandonner ses activités de défenseur des droits de l'homme et à l'empêcher de critiquer les autorités dans ses articles.
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Updated on 20.01.2016