RSF salue la création d’un Conseil de la presse et d’un code de déontologie

Reporters sans frontières publie l’article de Mark Pearson, son correspondant pour l’Australie, à propos du congrès historique qui s’est tenu à Dili du 25 au 27 octobre derniers. L’organisation salue la tenue de ce congrès et les résultats obtenus, mais tient à souligner que seule la création d’un environnement favorable pour la presse permettra de mener à l’auto-régulation des médias réclamée par le Premier ministre. Un congrès historique réunissant des journalistes Est-timorais s'est tenu à Dili du 25 au 27 octobre, au cours duquel ont été adoptés le premier code déontologique et un Conseil de la presse composé de sept membres. La Loi sur la presse, actuellement à l’étude au Parlement constitue désormais le prochain obstacle à la liberté des médias dans le pays. Bien que le projet de loi initial proposé au gouvernement par un comité de journalistes préconisait l'auto-réglementation, sa version finale intègre les amendements proposés par le Secrétaire d'Etat à la Communication Sociale, M. Nélio Isaac Sarmento, prévoyant l’instauration d’un système de licence pour les journalistes ainsi que des sanctions pénales. Lors de l’ouverture du congrès, le Premier ministre Xanana Gusmao a d’abord reproché aux journalistes de ne pas avoir mis en place de système d’auto-réglementation adéquat quand il leur avait conseillé de le faire en 2009. Il a ensuite félicité les associations de journalistes d’avoir fait preuve d’unité afin d’établir une charte éthique et un Conseil de la presse. Il a notamment déclaré que la liberté de la presse était importante pour la démocratie, mais que cette liberté devait s'exercer de façon responsable. Le code de déontologie, dont le préambule affirme l'importance de la liberté d'expression et de l'autorégulation des médias, a été adopté par plus de 150 journalistes, également venus représenter différentes associations de journalistes. Il comporte dix clauses sur la précision et l'impartialité, la lutte contre la censure, la défense de l'intérêt public, la lutte contre la discrimination, la distinction entre les faits et les opinions, la confidentialité des sources, la correction rapide des erreurs, le refus du plagiat, la protection de l'identité des victimes, et le refus de toute incitation financière. Cette dernière clause représentera l’un des défis majeurs pour les journalistes Est-timorais dont beaucoup admettent librement accepter des versements financiers de politiciens en échange d’une couverture médiatique positive. Selon des sources au sein des médias, les journalistes sont souvent payés entre cinq et vingt dollars lors de conférences de presse et jusqu'à quarante dollars lorsqu’ils accompagnent les ministres au cours de visites dans les provinces. Ces paiements sont significatifs si l’on considère que les journalistes sont payés, repas et frais de déplacements non compris, environ 140 dollars par mois. Le secteur des médias est également confronté à d’autres problèmes majeurs tels que le manque de formation, la dépendance à la publicité gouvernementale et le départ dès que possible des journalistes pour des postes au sein de la fonction publique. En conséquence, les éditeurs et directeurs de l'information sont contraints de travailler avec des rédactions dont le personnel est souvent inexpérimenté. Le congrès a été financé à hauteur de un million d'euros par le programme de Soutien aux médias de l’Union européenne coordonné par le Portugal. Etaient présents des experts étrangers partageant leurs expériences nationales de l'autorégulation, y compris : le président de l'Alliance indonésienne des journalistes indépendants ( AJI ) Eko Maryadi , Christiana Chelsia Chan du Conseil de presse de l'Indonésie , des universitaires portugais, Joaquim Fidalgo et Carlos Camponez, spécialistes du journalisme et @journlaw Mark Pearson, professeur de journalisme et des médias sociaux , Griffith University, Australie.
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Mise à jour le 20.01.2016