RSF demande une nouvelle fois l’abandon des charges contre Amara Al-Khitabi

Reporters sans frontières demande expressément à la cour de Tripoli d’abandonner les charges qui pèsent contre le rédacteur en chef d’Al-Umma, Amara Hassan Abdallah Al-Khitabi, dont la prochaine audience se tiendra le 23 juin 2013. Son passeport doit lui être restitué et son nom retiré de la liste des personnes interdites de voyager. Amara Al-Khitabi avait publié en novembre dernier une liste noire où figuraient les noms de 87 juges et procureurs a priori accusés de corruption et de détournement de fonds. Il avait par la suite était arrêté et détenu pendant quatre mois pour “diffamation” et “insulte au système judiciaire” qui, selon l’article 195 du code pénal libyen toujours en vigueur, est passible d’une peine maximale de 15 ans de prison. Son procès s’est ouvert le 18 février. Le journaliste a finalement été libéré le 21 avril dernier. Malgré un état de santé particulièrement fragile, il n’a toujours pas pu se rendre à l’étranger pour recevoir un traitement médical adéquat, son passeport ne lui ayant pas été retourné et étant toujours frappé de l’interdiction de quitter le territoire libyen. Son avocat, Maître Ramadan Farag Salem, a par ailleurs déposé une plainte auprès de la Cour suprême, afin de dénoncer l’anti-constitutionnalité de l’article 195 du code pénal libyen, à la lumière des changements engendrés par la Révolution libyenne du 17 février 2011. Cet article stipule en effet que « toute personne qui se permettrait de lancer ce qui peut être considéré comme une attaque contre la Révolution du Grand Fateh ou son dirigeant seront punis d’emprisonnement. La même sentence devra être appliquée contre toute personne qui insulte l’autorité populaire, un organe judiciaire, de défense ou de sécurité ». Reporters sans frontières rappelle aux autorités libyennes les obligations nationales et internationales en terme de liberté d’information, d’expression et d’opinion que la Libye s’est engagée à respecter au lendemain de la chute du régime de Mouammar Kadhafi. Le gouvernement transitionnel libyen doit montrer sa volonté d’établir un Etat démocratique où de telles libertés seraient consacrées, et non plus condamnées.
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Updated on 20.01.2016