RSF demande à l'Union européenne de prendre position sur la censure en Chine

Alors que le 18ème Congrès du Parti Communiste Chinois (PCC) s’apprête à divulguer le noms des nouveaux leaders du pays, le bilan de la censure autour du Congrès illustre le mépris de la liberté de l’information par les dirigeants chinois. “A l’ouverture du Congrès, Hu Jintao a déclaré que la Chine ‘n’imiterait jamais le système politique occidental’. Nous appelons la communauté internationale, et plus particulièrement l’Union Européenne, à promouvoir la liberté de l’information en Chine. Cette dernière n’est pas l’apanage d’un système politique occidental, mais est une liberté fondamentale reconnue par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme”, a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières. “Nous demandons donc à l’Union européenne, récente lauréate du Prix Nobel de la Paix, d’exprimer aux nouveaux dirigeants chinois son attachement aux droits de l’homme en général et à la liberté de l’information en particulier”, a ajouté Christophe Deloire. L’organisation appelle Xi Jinping, dont la nomination à la tête du pays ne fait guère de doute, à engager le pays dans des réformes politiques profondes. La censure qui a entouré le 18ème Congrès ne laisse, pour le moment, que peu d’espoirs sur l’éventualité d’une Chine respectueuse de la liberté de la presse. (Voir le communiqué de presse du 8 novembre 2012 et le fil d'information) Cette censure, aussi bien physique que morale, s’est d’abord traduite par une intensification de la répression contre les dissidents et les militants des droits de l’homme. Ceux-ci ont été interdits de se rendre à Shanghaï et à Pékin et envoyés dans d’autres villes. Les convocations de dissidents se sont succédées. Le cyber-dissident Hu Jia a été mis sous surveillance policière et interdit d’accorder des interviews à la presse étrangère. Les autorités ont aussi renforcé leur contrôle d’Internet : d'innombrables comptes Weibo ont été supprimés, Google et Gmail ont été rendus inaccessibles. Le moteur de recherche de Weibo a aussi empêché toute recherche sur le 18ème Congrès: les mots “18ème Congrès” (十八大 / shibada) ont ainsi été censurés, et les caractères homophones utilisés pour parer à la censure ont vite été détectés, et à leur tour censurés. Conformément aux craintes de Reporters sans frontières, les autorités ont tout fait pour endiguer la diffusion de l’information au Tibet : l’impossibilité d’établir des communications ou de diffuser des informations sur cette région de la Chine a atteint un niveau inédit, tant l'étouffement des informations sur les immolations, plus d’une dizaine tout au long du Congrès, et des revendications du peuple tibétain, s’est intensifié. La Chine, dont le système de censure et de surveillance du Web est l’un des plus sophistiqués au monde, fait partie des “Ennemis d’Internet” désignés par Reporters sans frontières. Elle se situe à la 174ème place sur 179 pays dans le classement mondial 2011-2012 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. A ce jour, 30 journalistes et 69 net-citoyens demeurent emprisonnés en Chine.
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Mise à jour le 20.01.2016