RSF demande la remise en liberté d’Alexandre Sodikov

Reporters sans frontières exige la libération de l’universitaire et net-citoyen tadjik Alexandre Sodikov, arrêté le 16 juin à Khorog (Est) et accusé d’“espionnage”.

L’universitaire et net-citoyen Alexandre Sodikov, spécialiste de la prévention des conflits, a été arrêté le 16 juin 2014 à Khorog, dans la province autonome du Gorno-Badakhchan, dans l’est du pays. Après avoir gardé le silence sur son sort pendant trois jours, les services secrets tadjiks (GKNB) ont fini par annoncer que le blogueur avait été mis en examen le 19 juin et transféré à Douchanbé, la capitale. Né au Tadjikistan, où il a travaillé pendant une dizaine d’années pour des ONG et organisations internationales, Alexandre Sodikov vit depuis 2012 au Canada en tant que chercheur à l’Université de Toronto. Il est également connu sur la Toile, où il commente sur son blog et Global Voices l’actualité politique et sociale tadjike et des pays voisins. Présent à Khorog dans le cadre d’un programme de recherche sur la gestion et la résolution des conflits pour l’université d’Exeter (Royaume-Uni), il a été arrêté au terme d’un entretien avec un leader de l’opposition locale, Alim Cherzamonov. Le lendemain, le domicile de sa mère a été perquisitionné et l’ordinateur du blogueur a été saisi. Les services de sécurité ont annoncé qu’il était suspecté d’”espionnage” au profit d’un gouvernement étranger. Le directeur de recherche d’Alexandre Sodikov à l’université d’Exeter a pourtant présenté tous les documents expliquant sa présence sur place. Les 18 et 19 juin, la chaîne de télévision publique régionale a diffusé des extraits de l’interrogatoire d’Alexandre Sodikov, coupés et montés, dans lesquels le blogueur semble sous pression. D’après des téléspectateurs, le net-citoyen rapporte dans cette vidéo des propos que lui aurait tenu Alim Cherzamonov : “si en 2012 le peuple du Badakhchan ne faisait plus confiance aux forces de l’ordre, en 2014 il ne fait même plus confiance au gouvernement et à l’Aga-Khan.” Cette mise en scène et ces propos polémiques, démentis par l’intéressé, font craindre qu’Alexandre Sodikov ne soit utilisé pour discréditer Alim Cherzamonov, le célèbre activiste de la société civile et député du Parti social-démocrate du Gorno-Badakhchan qu’il interviewait au moment de son arrestation. “Le secret qui a entouré la garde à vue d’Alexandre Sodikov et la diffusion à la télévision d’extraits de son interrogatoire violent son droit à un procès équitable, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de Reporters sans frontières. Le blogueur paie de sa liberté la paranoïa des autorités tadjikes, promptes à voir la main de l’étranger dans les troubles qui agitent le pays au lieu de faire face à leurs responsabilités.” “Alexandre Sodikov doit immédiatement être remis en liberté et les charges absurdes portées contre lui doivent être levées. Il est temps que Douchanbé cesse d’agiter le spectre de la guerre civile pour faire taire les voix critiques et justifier la répression.” Khorog a été le théâtre d’une émeute après la mort de deux hommes, abattus par la police le 21 mai 2014. Alim Cherzamonov, dont le neveu figurait parmi les victimes, était l’un des leaders de ce mouvement de contestation anti-gouvernemental. En juillet 2012, la ville était déjà l’épicentre de violents affrontements armés, que les autorités avaient enveloppés d’un lourd secret. Saïmoumine Iatimov, le directeur du GKNB, a déclaré le 19 juin que la sécurité du Tadjikistan était menacée par des espions étrangers qui opéreraient “sous la couverture d’organisations non-gouvernementales”. Le Tadjikistan occupe la 115e place sur 180 pays dans le Classement mondial 2014 de la liberté de la presse réalisé par Reporters sans frontières. YouTube et les autres services de Google sont partiellement bloqués dans le pays depuis le 10 juin. Pour aller plus loin: - Informez-vous sur le site de la campagne “Release A. Sodiqov!” - Signez la pétition pour la libération du blogueur
Publié le
Updated on 20.01.2016