​ RSF demande aux autorités indonésienne de cesser de bafouer les droits des journalistes en Papouasie

Alors que la presse indonésienne s’apprêtait à célébrer la journée mondiale de la liberté de la presse, des journalistes papous ont été empêchés par les forces de police de Jayapura de couvrir une manifestation pacifique de soutien au Mouvement unifié de libération de la Papouasie Occidentale, le 2 mai 2016.


Reporters sans frontières demande aux autorités indonésiennes de respecter le droit des journalistes à couvrir librement les événements se déroulant dans la province, même lorsqu’ils ont trait aux mouvements de protestation papous. Après que des centaines de manifestants ont été interpellés dans plusieurs endroits de Jayapura et rassemblés sur la place faisant face au quartier général de la brigade mobile de la police, des reporters qui essayaient de couvrir l’arrestation ont été refoulés par une vingtaine de policiers armés de bâtons. L’un d’eux a confirmé que le commissaire Mathius Fakhiri avait spécifiquement ordonné d’empêcher les journalistes de documenter les conditions de l’arrestation. Les policiers avait en effet ordonné aux manifestants interpellés d’ôter leurs vêtements et chaussures sur la place.


Un journaliste, Ardi Bayage, travaillant pour le média en ligne suarapapua.com, a été arrêté en même temps que d’autres manifestants, alors même qu’il avait produit sa carte de presse aux autorités. Ces dernières l’ont accusé de mentir, ont brisé son téléphone et l’ont emmené au quartier général de la brigade où il a été détenu plusieurs heures.


« Nous condamnons ces violences et la censure des autorités à l’encontre des journalistes locaux, qui font un travail d’intérêt public en couvrant ces manifestations, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. Les promesses du président Joko Widodo sonnent aujourd’hui plus vides que jamais. Après avoir récemment banni un journaliste français pour ses reportages en Papouasie, effectués en toute légalité, voilà maintenant une nouvelle preuve, s’il en était besoin, du maintien de la censure et du contrôle abusif de l’information par les autorités. »


Les autorités de Papouasie continuent de censurer tout journaliste couvrant les mouvements séparatistes papous, les discriminations ou encore les violations des droits de l’homme dont les autorités se rendent coupable. En janvier dernier, RSF avait dénoncé l’interdiction d’entrée sur le territoire indonésien prononcée à l’encontre du journaliste français Cyril Payen après la diffusion par France 24 de son reportage en Papouasie occidentale. Les journalistes locaux, les fixeurs et les sources des journalistes étrangers restent également dans le viseur des autorités. Le 8 octobre 2015, Abeth You, journaliste pour le site tabloidjubi.com, avait été agressé par la police alors qu’il couvrait un rassemblement du groupe Solidarity for Victims of Human Rights Violations in Papua à Jayapura. Deux fixeurs ayant travaillé avec une journaliste française avaient été arrêtés et interrogés par la police.


L’Indonésie, qui occupe la 130e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2016 établi par Reporters sans frontières, a vu son score se dégrader de près d’un point par rapport à 2015.



Publié le
Updated on 09.05.2016