RSF condamne les poursuites judiciaires engagées contre la BBC et le Guardian suite aux révélations des Paradise Papers

Reporters sans frontières (RSF) condamne les poursuites engagées contre la BBC et le Guardian par le cabinet d’avocats Appleby, qui demande la divulgation des documents à l’origine des reportages et des articles publiés dans le cadre de l’enquête des Paradise Papers.

Sur les 13,4 millions de documents qui ont fuité et qui ont permis de révéler les intérêts de nombreuses personnalités et de grandes entreprises dans différents paradis fiscaux, près de sept millions, proviennent d’Appleby, un cabinet d’avocats britannique spécialisé dans les mécanismes offshore. Appleby affirme que les informations utilisées par les deux médias britanniques ont été « volées » et requiert qu’une “injonction permanente” empêche toute autre utilisation des documents. Le porte-parole du Guardian estime que cette plainte s’apparente à une “tentative de discréditer ses journalistes qui travaillent de façon responsable dans l’intérêt général et vise à forcer le quotidien à dévoiler des documents qu’il considère comme du matériel journalistique. »


“Les poursuites engagées par Appleby à l’encontre de la BBC et du Guardian sont un nouveau coup porté au journalisme d’investigation au Royaume-Uni. Les informations publiées dans le cadre des Paradise Papers sont sans conteste d’intérêt général. Le droit des médias à informer et le droit du public à être informé doivent être protégés en priorité,” déclare la directrice du bureau RSF pour le Royaume-Uni, Rebecca Vincent.


Bien que les Paradise Papers aient été analysés par 381 journalistes de 96 médias différents issus de 67 pays, seul le Guardian et la BBC sont pour l’instant poursuivis en justice. Ces derniers ont assuré qu’ils se défendraient devant les tribunaux.


Ces poursuites sont d’autant plus inquiétantes qu’elles se produisent à un moment où d’autres mesures préoccupantes restreignent la liberté de la presse au Royaume-Uni, comme par exemple l’adoption de l’Investigatory Powers Act – la loi la plus stricte en matière de surveillance de l’histoire du pays – ou la proposition de la Commission juridique d’un nouvel « Espionage Act » qui pourrait envoyer en prison des journalistes qui auraient obtenu des informations issus de fuites.


Le Royaume-Uni se situe à la 40e place sur 180 du Classement mondial de la liberté de la presse 2017 de RSF.



Publié le
Updated on 20.12.2017