RSF condamne l’arrestation arbitraire du net-citoyen Oussama Najjar pour un tweet

Reporters sans frontières dénonce l’arrestation du net-citoyen et activiste Oussama Najjar le 17 mars 2014. Aucun motif officiel n’a été donné et on ignore toujours le lieu de sa détention. L’organisation est préoccupée par l’état de santé d’Oussama Najjar, arrêté au lendemain d’une opération chirurgicale sans ses médicaments. Reporters sans frontières exhorte les autorités à libérer Oussama Najjar immédiatement et de manière inconditionnelle. Le 17 mars, des policiers en civil se sont présentés au domicile familial. Sans décliner leur identité ni présenter de mandat de perquisition, ils ont fouillé pendant près de deux heures et demi la maison, avant de saisir l’ordinateur de l’intéressé ainsi que d’autres appareils électroniques. Face à l'insistance de la mère d’Oussama pour voir leur mandat d’arrêt, l'un des policiers a présenté un document dont il a caché une grande partie laissant uniquement entrevoir le nom d’Oussama Najjar et une signature. Le net-citoyen, fils de Hocine Najjar, condamné à 10 ans de prison ferme à l’issue du procès des 94 Emiratis accusés de liens avec les Frères musulmans (également connu sous l’acronyme “UAE94”), avait exprimé son soutien pour les “UAE94” et était l’un des premiers à avoir informé, via les réseaux sociaux, des conditions d’incarcération et des mauvais traitements voire actes de torture subis en détention. Le 16 mars, suite à une intervention à la radio du juge de la province d’Al-Charika en charge du procès “UAE94”, au cours de laquelle il avait exhorté les familles de détenus à ne pas inciter leurs enfants “à haïr leur patrie”, Oussama Najjar avait posté un message sur Twitter dénonçant les conditions de détention de son père, ajoutant : “ Votre altesse, le docteur, nous ne haïssons pas nos patries, nous n’oublierons pas l’injustice que nous avons subie, même si nos mères l’oublieraient. A mon père qui subit cette injustice depuis 20 ans, entre emprisonnement et harcèlement”. Reporters sans frontières rappelle que deux net-citoyens émiratis ont déjà été condamnés en 2013 sur la base de cette loi pour avoir publié des informations relatives au procès des 94 Emiratis accusés de “liens avec les Frères musulmans”. Le 22 mai 2013, le net-citoyen Abdullah Al-Hadidi avait vu sa peine de dix mois de prison ferme confirmée en appel. Il a été libéré le 1er novembre dernier au terme de sa peine. Le 18 novembre 2013, Waleed Al-Shehhi avait été condamné à deux ans de prison ferme et 500 000 dirhams (100 360 euros) d’amende, pour avoir publié des tweets relatifs au procès “UAE94”. Sa condamnation repose sur les articles 28 et 29 de la loi sur la cybercriminalité qui interdisent l’utilisation des technologies d’information pour des actions “mettant en danger la sécurité de l’Etat” et “portant préjudice la réputation de l’Etat”. Waleed Al-Shehhi a déclaré avoir fait l’objet de mauvais traitements et d’actes de torture depuis son arrestation. Ses allégations n’ont fait l’objet d’aucune enquête à ce jour, ce qui constitue une violation des dispositions de la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (article 12). Fin janvier 2014, Reporters sans frontières avait écrit à Madame Gabriela Knaul, Rapporteur spécial sur l’indépendance des juges et des avocats, à l’occasion de sa visite aux Emirats arabes unis afin d’attirer son attention sur les dysfonctionnements du système judiciaire, observés par l’organisation lors de suivi de procès intentés contre des acteurs de l’information, et sur la partialité de certains jugements rendus à leur encontre. A l’issue de sa visite, la Rapporteur spécial a déclaré être “préoccupée par les informations indiquant que les procureurs sont souvent influencés par des membres des services de sécurité de direction et de l'Etat (...). On m'a informée que la preuve est parfois manipulée et fabriquée par la police ou d'autres services de sécurité. On m'a aussi dit que les poursuites judiciaires peuvent avoir lieu même lorsque des accusations sont non fondées ou sont même contradictoires”.
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Updated on 20.01.2016