RSF appelle le comité des Nations unies contre la torture à interroger le chef du renseignement sri-lankais

Alors que le comité des Nations unies contre la torture (UNCAT) se réunit les 15 et 16 novembre à Genève, Reporters sans frontières (RSF) et Journalists for Democracy in Sri Lanka (JDS) ont appris avec consternation la présence dans la délégation sri-lankaise du chef du renseignement national sri-lankais, Sisira Mendis, accusé de graves crimes commis contre des journalistes durant la dernière guerre civile.


C’est une bien curieuse délégation qu’envoie le Sri Lanka à Genève afin de rencontrer les membres de l’UNCAT. Dans ses rangs, Sisira Mendis, chef du centre du renseignement qui a supervisé le département de la police judiciaire (CID) ainsi que la division d’enquête sur le terrorisme (TID) au Sri Lanka durant la phase finale de la guerre civile, entre mars 2008 et juin 2009. Ces deux unités de police ont été nommées par une enquête des Nations unies (UN) comme responsable de tortures et de violences sexuelles au moment où Sisira Mendis, alors inspecteur général adjoint (DIG) était en charge de ces unités.


Le TID et le CID, sous la responsabilité de Sisira Mendis ont enlevé, arrêté, détenu et torturé plusieurs professionnels des médias en plus de centaines d’autres civils. Une fois libérés, beaucoup de ces journalistes ont fui le pays par peur de représailles.


Le journaliste expérimenté J. S. Tissainayagam, l’auteur et éditeur Vettivel Jasikaran et sa femme Valarmathy, le journaliste Kithsiri Wijesinghe sont quelques unes des figures médiatiques de renom qui ont subi de tels traitements cruels alors qu’ils étaient détenus par le TID. Par ailleurs, le docteur Thurairajah Varatharajah, qui était détenu par le CID en 2009, a également subis des traitements inhumains pour avoir été la principales source d’information en provenance de la zone de guerre de certains médias étrangers pendant les étapes finales de la guerre, qu’aucun journaliste indépendant n'était autorisé à couvrir.


RSF et JDS demandent à l’UNCAT de questionner le chef du renseignement national sur la conduite de ces unités de police sous ses ordres et de déterminer les responsables des crimes contre les journalistes et des violations de la liberté de la presse, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. Sisira Mendis ne peut nier être au courant de ce qui est arrivé à ces journalistes et à leurs sources tandis qu’ils étaient détenus sous son autorité. Nous disposons de preuves crédibles qu'ils ont été traités de manière inhumaine durant leur détention et intimidés après leur remise en liberté.”


Dans une longue lettre adressée à l’UNCAT, l’International Truth and Justice Project (ITJP), initiative lancée sous la houlette de la Fondation pour les droits de l’homme qui milite contre l’impunité des crimes commis contre les populations civiles, a également donné des renseignements sur la conduite hautement sujette à question du CID et du TID sous la direction de Sisira Mendis.


Le Sri Lanka fait partie des 159 Etats parties à la Convention contre la torture, les peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et, à ce titre, est tenu de se soumettre à des examens réguliers de l’ONU sur la manière dont il met en oeuvre la convention ainsi que les précédentes recommandations de l’UNCAT.


Publié le
Mise à jour le 15.11.2016