RSF appelle à l’adoption d’une charte éthique pour iTélé dans les meilleurs délais

Reporters sans frontières (RSF) soutient les journalistes d’iTélé, qui se battent pour sauvegarder leur indépendance éditoriale. L’ONG appelle à l’adoption rapide de la charte éthique de la chaîne demandée par les journalistes.

Reporters sans frontières (RSF) soutient la revendication des journalistes de iTélé portant sur l’adoption par la chaîne d’une charte éthique garantissant leur indépendance éditoriale, ainsi que la demande portant sur la nomination d’un directeur de la rédaction séparé du directeur général.


Une charte déontologique au sein des chaînes du groupe Canal +, que RSF appelle de ses voeux depuis plusieurs mois, est un outil nécessaire pour contraindre les dirigeants de la chaîne à respecter l’indépendance éditoriale des rédactions du groupe. La loi Bloche, “relative à la liberté, l’indépendance et le pluralisme des médias”, pour laquelle RSF avait formulé des propositions et qui a été adoptée début octobre 2016, oblige les chaînes de télé et les radios à adopter une “charte déontologique”. RSF, qui avait poussé pour qu’une telle disposition soit incluse dans la loi, demande à présent que le groupe Canal prenne des dispositions sans attendre l’entrée en vigueur de ce texte.


RSF soutient également la demande des journalistes de iTélé que les fonctions de directeur général de la chaîne et directeur de la rédaction soient séparées. La confusion actuelle, où la même personne occupe les deux postes, est gravement préjudiciable à l’indépendance éditoriale de la rédaction. La fonction de directeur de la rédaction suppose en effet l'imperméabilité à des considérations actionnariales, commerciales ou mercantiles.


L’information ne saurait se plier à la logique industrielle, elle suppose l’indépendance vis-à-vis de toutes les parties prenantes externes, l’impartialité, et l’imperméabilité aux intérêts économiques, souligne Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Une charte déontologique digne de ce nom au sein du groupe Canal sera le meilleur moyen de préserver l’indépendance éditoriale face à la logique industrielle.”


Le conflit à iTélé ne se résume pas à une “grogne sociale”, à la défense d’avantages sociaux, il est l’expression d’une profonde hostilité à l’emprise de la logique économique sur la déontologie journalistique, à la soumission de l’information à des logiques d’influence et à des intérêts autres que l’information légitime du public. Dès septembre 2016, dans une lettre ouverte au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), RSF, estimait que "le principe d'indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné" par Vincent Bolloré. L’ONG réclamait "une charte d'indépendance" et la "fermeté" du CSA sur ces sujets. Dans son rapport sur les oligarques, RSF a pointé les multiples cas de censure et d’ingérence de l’homme d’affaires dans le travail des rédactions du groupe Canal.

Publié le
Mise à jour le 27.10.2016