Retour sur les ondes de Radio Okapi après quatre jours de suspension imposés par l'organe de régulation des médias

Reporters sans frontières se joint à Journaliste en Danger, son association partenaire en République Démocratique du Congo, pour saluer le compromis négocié par Radio Okapi et le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC). Les auditeurs de Radio Okapi ont pu constater le 4 décembre la fin du brouillage qui entravait la diffusion de ce média géré par les Nations unies. Pour plus d'information, consulter le communiqué de presse de JED. ----- 03.12.2012 - RSF et JED déplorent la suspension de la radio des Nations unies par l'organe de régulation des médias en RDC Reporters sans frontières et son organisation partenaire en République démocratique du Congo, Journaliste en Danger (JED), s'inquiètent vivement de la mesure de suspension décrétée le 1er décembre 2012 par le Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication (CSAC) contre Radio Okapi. Ce média, administré depuis dix ans par les Nations unies, émet sur l'ensemble du territoire de la République Démocratique du Congo. Suspendue pour quatre jours, Radio Okapi pourrait subir de plus lourdes sanctions si elle ne se plie pas aux exigences du CSAC. Selon le Président de cet organe de régulation des médias, M. Jean Bosco Baala, contacté lundi par JED, Radio Okapi se voit officiellement reprocher de ne pas avoir soumis sa grille de programmes à l'organe de régulation : "Le Directeur de l’information publique de la MONUSCO a opposé une fin de non recevoir à la requête du CSAC au motif que Radio Okapi serait bénéficiaire d’un régime de "privilèges et immunités" qui ne l’oblige pas de déposer ses grilles des programmes auprès du CSAC", peut-on lire dans la mesure du CSAC. JED estime que la non transmission d’une grille de programme ne peut, à elle seule, justifier une décision aussi préjudiciable à des millions de personnes qui ne peuvent s’informer autrement que par cette radio. "Alors que la situation humanitaire et sécuritaire au Nord-Kivu préoccupe toute la communauté internationale, la suspension de Radio Okapi prive la population d'informations cruciales, et contribue à renforcer le sentiment d'insécurité », a déclaré, pour sa part, Reporters sans frontières. Depuis quelques semaines, après la prise de la ville de Goma par les rebelles du M23, la région subissait déjà un contrôle médiatique dénoncé par Reporters sans frontières et Journaliste en danger, et se trouve un peu plus isolée du reste du monde par cette mesure excessive du CSAC. Tout en encourageant les responsables de la radio onusienne à trouver une issue à ce blocage, Reporters sans frontières et Journaliste en danger demande à l'organe de régulation de lever cette suspension, sans aucune autre condition préalable. Le brouillage de la radio empêche la diffusion par les ondes FM, mais celle-ci reste accessible sur Internet. Conscient de l'importance de l'accès à l'information en zone de conflit, le Représentant spécial des Nations unies a décidé d'utiliser des "voies alternatives afin de permettre, même de façon intermittente, la poursuite des programmes de Radio Okapi dans le Nord-Kivu", une initiative saluée par les deux organisations. L’instance de régulation des médias congolais a également, en date du 28 novembre 2012, adressé à titre conservatoire une mise en demeure à la Radio France Internationale (RFI) pour diffusion des "interviews portant des propos désobligeants à l’égard des autorités et des institutions de la RDC". Le CSAC accuse RFI d’avoir diffusé de façon récurrente, entre les 22 et 27 novembre 2012, des interviews accordées à une "force négative (…) occupant illégalement une portion de la RDC". Photo : Au Nord-Kivu, un jeune homme écoute la radio près d'une mission de la MONUSCO (YASUYOSHI CHIBA / AFP).
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Updated on 20.01.2016