Répression à l’encontre des radios communautaires dans l’État d’Oaxaca

Reporters sans frontières condamne la répression dont sont victimes plusieurs radios communautaires dans l’Etat d’Oaxaca, de la part d’entreprises transnationales et du gouvernement local. Ces médias s’opposent au projet de construction d’un gigantesque parc éolien dans l’isthme de Tehuantepec, impulsé par les entreprises Mareña Renovables et Gas Natural Fenosa, et dénoncent l’absence de consultation préalable des communautés indigènes. Le conflit local a gagné en ampleur ces derniers jours. Le 4 avril 2013, Carlos Sánchez Martínez, journaliste de Radio Totopo, a été arrêté et agressé physiquement par des agents de la police de l’État, et se trouve toujours en détention. Son cas est emblématique de la persécution dont souffre ce média communautaire, fer de lance de la défense des populations indigènes et de l’opposition au projet éolien, depuis plusieurs mois. Quelques jours plus tôt, Radio Totopo avait déjà été la cible d’attaques, et ses équipements avaient été confisqués le 26 mars par le gouvernement d’Oaxaca. Le cas de cette radio est loin d’être isolé, puisque d’autres médias – informant sur le conflit local – sont également la cible de persécutions depuis plusieurs mois. Le 20 mars 2013, un journaliste de Radio Xadani, Filiberto Vincente Aquino, a reçu des menaces de mort, après s’être rendu à une conférence de presse portant sur l’opposition au parc éolien. Le lendemain, plusieurs journalistes ont été arrêtés par des policiers municipaux à San Mateo del Mar, avant d’être relâchés quelques heures plus tard. On comptait parmi eux Ignacio Garrido et Karina Martínez, de la Radio Voces de los Pueblos, Rosa Rojas, du quotidien La Jornada, le photographe Francisco Olvera, ainsi que David Henestrosa et Eliseo Ramirez. Par ailleurs, le matériel de transmission de Radio Huave – qui dénonce depuis une dizaine d’années les impacts du projet éolien – a également été volé ces derniers jours. Reporters sans frontières appelle le gouvernement de l’Oaxaca et les entreprises transnationales à cesser cette campagne de criminalisation des radios communautaires, et à respecter leur travail. Ces médias – dont le rôle dans la defense des droits des communautés locales n’est plus à démontrer – ne font qu’informer sur le conflit ayant cours dans la zone. L’organisation appelle également les autorités à respecter ses engagements relatifs aux droits des peuples indigènes, comme le stipule notamment la Convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), ratifiée en 1990 par le Mexique, ainsi que l’article 2 de la Constitution fédérale. La sécurité des journalistes au Mexique, où Reporters sans frontières a mené une mission au mois de mars dernier, est toujours aussi préoccupante, en particulier dans les États du nord et de l'est du pays, où médias en ligne et blogs sont particulièrement visés. Reporters sans frontières s'étonne à cet égard de l'attribution au gouverneur de l'État de Veracruz d'un prix censé récompenser ses supposés “efforts pour garantir le plein exercice de la liberté d'expression”, par l'Association mexicaine des éditeurs de journaux, le 2 avril dernier. Cinq journalistes ont été tués à Veracruz en 2012, beaucoup fuient la région et l'impunité reste entière.
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Updated on 20.01.2016