Reporters sans frontières soutient le droit des Iraniens à “un dialogue national” sur l’énergie nucléaire

Reporters sans frontières apporte son soutien à l’appel lancé par le Centre pour les défenseurs des droits de l'homme présidé par Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix, pour “un dialogue national sur l’énergie nucléaire”. Cet appel est signé par une centaine d’intellectuels, de journalistes et de défenseurs des droits de l'homme iraniens renommés. “Depuis toujours, que ce soit avant ou après la révolution, la question du nucléaire iranien a été uniquement du ressort des différents gouvernements. Elle est donc pour cette raison considérée comme une affaire politique. Or c’est une question qui ne se limite pas au domaine politique, mais concerne également les sphères économique, sociale et écologique et touche ainsi tous les citoyens. Les Iraniens ne disposent pas à ce jour d'informations suffisantes sur les avantages et les inconvénients de l’énergie nucléaire pour leur pays, alors même que c’est une préoccupation nationale majeure, qui influence directement la vie quotidienne du peuple. C’est à cause d’elle que l’on subit des sanctions sans précédent et que la menace d'une guerre contre notre pays a été évoquée,” expliquent les signataires de l'appel. “Depuis les révélations sur les activités nucléaires iraniennes au début des années deux mille jusqu’à aujourd’hui, toute réflexion et information sur cette question est interdite par la censure mise en place par de nombreux organismes de l’État chargés de surveiller et d’encadrer le travail des médias. Aux côtés du ministère de la Culture et de l’Orientation islamique et de son organe de censure - la Commission d’autorisation et de surveillance de la presse-, du ministère des Renseignements, des Gardiens de la Révolution et du procureur, le Haut Conseil de la sécurité nationale censure quotidiennement les journalistes. Il leur interdit de traiter certains sujets, notamment tout ce qui est relatif au nucléaire : de la signature du protocole de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) et des négociations sur le programme nucléaire iranien avec le groupe "5+1" (Allemagne, Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) représentant la communauté internationale, jusqu’aux questions sur les répercussions sur l’environnement et même sur le coût des technologies de construction des centrales”, déplore Reporters sans frontières. Le 10 octobre 2003, Reporters sans frontières avait condamné la suspension du quotidien Entekhab (Le Choix) par le Conseil national de sécurité, suite à la publication d’un article révélant les enjeux que représente, à l’intérieur du régime, la signature du protocole de l’AIEA. Le quotidien mettait en lumière la mise à l’écart du Parlement et de l’organe présidentiel, officiellement en charge de la signature du protocole, au profit d’un comité ad hoc réuni par le Guide suprême de la République islamique. Mohsen Mandegari, chef du service politique, et Mohamad Mehdi Faghihi, rédacteur en chef du quotidien, avaient été convoqués par le tribunal révolutionnaire de Téhéran et placés en détention jusqu’au lendemain. Le 12 février 2007, le site Baztab avait été interdit en Iran. Il avait publié des dossiers sur le nucléaire iranien et sur la corruption, dans lesquels il critiquait vivement le président Mahmoud Ahmadinejad. Ce dernier avait fait de la question du nucléaire son cheval de bataille et présentée comme le "plus grand combat du pays". Cela avait permis au régime d’occulter les problèmes économiques et sociaux qui secouaient la société iranienne. “Reporters sans frontières rappelle que plusieurs journalistes ont été arrêtés ou menacés dans différentes villes du pays par les autorités, accusés d’espionnage pour avoir évoqué l'énergie nucléaire. Cette censure imposée sur le thème du nucléaire viole la liberté d’informer des journalistes et le droit des Iraniens à être informés. Le rôle des journalistes est fondamental lorsqu’il s’agit d’informer le public sur des sujets aussi délicats alors que les autorités iraniennes tentent d’étouffer toute information liée au nucléaire pour ne laisser la place qu’à la version officielle des faits maîtrisée par le régime,” a ajouté l'organisation.
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Updated on 20.01.2016