Reporters sans frontières soutient la “Charte de bonne conduite” initiée par des journalistes afghans

Reporters sans frontières apporte son soutien à la “Charte de bonne conduite” signée par des associations de journalistes et des directeurs de médias afghans. Ce document vise à gérer avec professionnalisme la crise post-électorale, survenue dans le pays lors du second tour à la présidentielle, le 14 juin 2014 . Depuis le second tour de la présidentielle afghane, le pays est plongé dans une grave crise politique, notamment après que des accusations de fraude ont été lancées par le candidat Abdullah Abdullah. L’autorité de la Commission électorale indépendante (IEC) est elle-même remise en cause. Les médias ont également alimenté cette crise, diffusant des propos violents à l’égard de certaines éthnies, voire des appels à la haine. Le 20 juin 2014, des associations de journalistes, des organisations de défense de la liberté de la presse et les plus importants médias nationaux du pays* ont signé une “Charte de bonne conduite” afin de couvrir le plus déontologiquement possible la crise actuelle. Tous ont insisté sur "l’importance du rôle des médias et des journalistes”. Ils ont également recommandé aux professionnels des médias de «rester impartiaux vis-à-vis des communautés éthniques et religieuses et des courants politiques afin d’informer la population dans l'intérêt commun." La “Charte de bonne conduite” a également été signée par le directeur du Centre pour les médias (sous la responsabilité du ministère de l'Information et la Culture), les représentants des deux candidats, la mission des Nations unies en Afghanistan et la Commission électorale indépendante (IEC). Les onze articles de cette charte appellent à une couverture des événements de manière éthique et sans incitation à la haine, notamment dans les émissions d’information. Elle recommande "le professionnalisme des journalistes pour la modération des débats et des interviews, et de ne pas donner la parole à ceux qui propagent la haine à l’égard de communautés religieuses et ethniques. Les journalistes doivent enquêter sérieusement et informer la population de toute irrégularité ou fraude, et demander des comptes aux autorités et aux responsables de l'organisation de l’élection." "Nous soutenons cette charte de bonne conduite parce que la liberté d’information ne peut s’exercer sans responsabilités, les journalistes ne sont pas des citoyens comme les autres en ce sens que leurs paroles sont attendues et entendues. Il est important que les journalistes afghans, tout en respectant un code de déontologie puissent librement enquêter sur les irrégularités dénoncées lors de la présidentielle. Il en va de la crédibilité de ce scrutin." déclare Réza Moïni, responsable du bureau Iran-Afghanistan de Reporters sans frontières. Reporters sans frontières avait publié, le 28 mars 2014, un rapport sur l’état de la liberté de la presse en Afghanistan intitulé “Élection présidentielle en Afghanistan : les médiaux locaux en première ligne”. L’organisation a également lancé une campagne d’information visant à préparer et à protéger les journalistes en période électorale. Le Guide pratique du journaliste en période électorale, publié en partenariat avec l’Organisation internationale de la Francophonie et destiné aux professionnels amenés à couvrir une période sensible et majeure de la vie démocratique afghane, a été traduit en Persan et en Pachtoune. Il a été distribué aux journalistes afghans ayant participé à une formation menée par l’organisation à Kaboul ainsi qu’à une quarantaine de journalistes du nord du pays, réunis en septembre dans la ville de Sayad, dans la province de Kapissa. Nous invitons encore une fois les professionnels des médias à se référer aux recommandations de ce Guide. L’Afghanistan demeure à la 128ème position sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2014. *Tolo TV, Shamshad TV, on TV, LemarTV, Ayena TV, MetraTV, aryana TV, Tamadon TV, Khorshid TV, la radio Killid , la radio Amozegar, l’agence de presse Pajhwok, les quotidiens 8 sobh, Mandegar, Arman meli et hebdomodaire nameh e kherad, à coté des l’Union nationale des journalistes d’Afghanistan (UNJA), l’Association des journalistes indépendants afghans (AIJA), l’organisation de défense de la liberté de la presse NAI, Association des femmes journalistes et International Media Support.
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016