Reporters sans frontières s'interroge sur les motifs réels de l'arrestation d'un journaliste cachemiri

18.06.2002 Les auditions dans l'affaire Geelani reprennent le 18 juin. Le journaliste avait été maintenu en garde à vue, le 15 juin dernier, pour trois jours supplémentaires. Selon V.K Ohri, avocat d'Iftikhar Geelani, les documents saisis au domicile de son client étaient déjà disponibles sur Internet depuis 1993. ______________________________________________________________ 11.06.2002 "Dans le contexte actuel, l'inculpation d'un journaliste cachemiri en vertu de la Loi sur les secrets officiels apparaît comme une tentative d'intimidation envers tous les médias qui tentent de couvrir de manière indépendante le conflit du Cachemire", a affirmé Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. L'organisation a demandé, dans une lettre adressée aujourd'hui au ministre indien de l'Intérieur, Lal Krishna Advani, des explications sur l'arrestation et l'inculpation de Iftikhar Ali Geelani, chef du bureau du Kashmir Times à New Delhi. "Au vu de la faiblesse des preuves retenues contre le journaliste, nous vous demandons d'intervenir en faveur de sa libération", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. Reporters sans frontières a par ailleurs demandé au ministre de l'Intérieur de "diligenter une enquête après le passage à tabac d'un autre journaliste cachemiri par un policier". "La police semble incapable de mettre fin à une série d'agressions et de tentatives d'assassinat de journalistes au Cachemire. Il serait regrettable que le gouvernement laisse s'aggraver le climat d'impunité dont jouissent ceux qui s'attaquent à la presse", a conclu Robert Ménard. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, Iftikhar Ali Geelani, correspondant des quotidiens indien Kashmir Times et pakistanais The Nation à New Delhi, a été formellement inculpé, le 11 juin, en vertu de la Loi sur les secrets officiels. La police a obtenu d'un juge cinq jours supplémentaires de garde à vue. Il avait été arrêté deux jours plus tôt à son domicile de New Delhi par des agents du Département des impôts. La police l'accuse maintenant de détenir sur son ordinateur portable des plans de la présence militaire indienne au Cachemire. Mais Iftikhar Ali Geelani affirme que ces documents sont tirés d'un rapport de 1997 du Département d'Etat américain et qu'ils ont déjà été publiés dans le quotidien indien The Hindu. Par ailleurs, le quotidien Hindustan Times a affirmé que le journaliste cachemiri aurait avoué aux enquêteurs qu'il travaillait pour les services secrets pakistanais. Mais cette information n'est confirmée par aucune autre source. De nombreux journalistes cachemiris et l'Union des journalistes de New Delhi ont condamné l'arrestation de M. Geelani. Iftikhar Ali Geelani a été interpellé peu après l'arrestation de son beau-père, le leader cachemiri Syed Ali Shah Geelani, qui, lui, est accusé d'avoir reçu de l'argent des services secrets pakistanais et a été inculpé en vertu d'une loi antiterroriste. Par ailleurs, le 10 juin, Mohammad Yusuf Dar, journaliste du journal Daily Excelsior à Jammu (province du Cachemire), a été frappé, insulté et détenu pendant deux heures par des policiers. Selon le Kashmir Images, le journaliste a été interpellé par le sous-officier Javed alors qu'il rentrait à son domicile. Enfin, la police n'a procédé à aucune enquête sérieuse après la tentative d'assassinat dont a été victime Zafar Iqbal, journaliste pour le quotidien anglophone indépendant Kashmir Images, qui a été grièvement blessé par balles, le 29 mai, à son bureau de Srinagar par trois hommes masqués. Des collègues du journaliste ont déclaré à Reporters sans frontières que la police n'a pris aucune mesure de protection des locaux du journal et n'a entamé aucune enquête.
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Mise à jour le 20.01.2016