Reporters sans frontières s'inquiète de la multiplication des atteintes à la sécurité des journalistes

Le 28 octobre dernier, Reporters sans frontières a écrit au ministre de l’Intérieur de l’Angola, Sebastiao José Antonio Martins, pour lui exprimer sa vive inquiétude suite à la série d'attaques violentes subies récemment par des professionnels des médias. En l’espace de deux mois, un journaliste a été assassiné, deux autres ont été violemment agressés et blessés, et un quatrième a fait l’objet d'intimidations. "Nous nous interrogeons sur la corrélation entre ces crimes et l’appartenance des victimes à des médias critiques, voire d'opposition. La violence des faits est très préoccupante. La sécurité et l’intégrité physique des journalistes sont en péril et la gravité des actes commis contre eux est alarmante : l’ensemble de la profession doit-il se sentir menacé et vivre dans l’angoisse d’une agression imminente et potentiellement fatale ? La peur est-elle en passe de devenir le lot commun des journalistes ?", s'est interrogé Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Ces crimes ne peuvent rester impunis et leurs auteurs doivent être arrêtés et jugés. Nous plaçons nos espoirs dans vos services pour mener des enquêtes sérieuses, approfondies et indépendantes. Il y va de la crédibilité des autorités et de la réputation de l’Angola (…) Nous vous pressons de donner aux forces de police tous les moyens nécessaires pour interpeller les coupables dans les plus brefs délais", a-t-il ajouté. Le 22 octobre 2010, un journaliste de Radio Despertar, Antonio Manuel Manuel Da Silva, connu sur les ondes sous le nom de Jojo, a été poignardé en pleine nuit par un homme qui a, selon des témoins, fait mention de son émission. Grand succès populaire, elle avait récemment tourné en dérision le président Eduardo Dos Santos. Un mois auparavant, le 22 septembre, Norberto Abias Sateko, reporter à TV Zimbo, avait été blessé par balles. Le 5 septembre, un autre journaliste de Radio Despertar, Alberto Graves Chakussanga, avait été assassiné d’une balle dans le dos à son domicile. Plus d'informations Enfin, l'incident le plus récent est survenu dans la nuit du 23 au 24 octobre dernier, lorsque le journaliste Rafael Marques a été victime d’une embuscade. Alors qu’il se trouvait sur la route de Luanda, un homme armé, vêtu d’une veste d’agent de la circulation, l’a arrêté en affirmant : "C’est à cause de ton travail. Je t’attendais. Je respecte des ordres de Luanda." L'agent a ensuite reçu un appel téléphonique qui a mis fin à l’arrestation du journaliste. L'Angola se situe au 104e rang sur 178 du classement mondial 2010 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, mais les événements survenus depuis début septembre sont susceptibles de faire reculer le pays. Dans ce contexte, il est impératif que le gouvernement angolais réagisse et fournisse une preuve de son engagement en faveur de la liberté des journalistes en mettant en œuvre les efforts indispensables à l'arrestation des criminels.
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Updated on 16.10.2016