Reporters sans frontières à Rome pour défendre la liberté de la presse

Plus de 100 000 personnes se sont rassemblées à Rome, le samedi 3 octobre 2009, pour défendre la liberté de la presse. Journalistes, syndicalistes et artistes ont défilé sur scène pour fustiger l'emprise de Silvio Berlusconi sur les médias. Roberto Saviano, l'auteur de Gomorra, sous protection policière permanente en raison des menaces de la mafia, a rappelé son attachement à une presse indépendante et libre d'enquêter sur tous les sujets. Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières, invité par les organisateurs à monter sur scène, a témoigné qu'il s'agissait de "la plus grande manifestation pour défendre la liberté de la presse jamais organisée dans le monde". Il a également indiqué que Silvio Berlusconi était en passe de figurer dans la liste des prédateurs de la liberté de la presse établie par l'organisation. Enfin, aux côtés de Domenico Affinito, le vice-président de la section italienne de Reporters sans frontières, il a appelé la population italienne à "se mobiliser pour défendre son droit à accéder à une information libre" et à "exiger de l'Union européenne qu'elle ne laisse pas faire M. Berlusconi impunément". La veille, lors d'une conférence de presse tenue à Rome, Reporters sans frontières avait appelé Silvio Berlusconi à cesser ses attaques et interventions contre la presse. Aux côtés de la réalisatrice Sabina Guzzanti (Viva Zapatero), l'organisation internationale avait apporté son soutien aux médias visés par le président du Conseil italien. “Silvio Berlusconi est en passe d’entrer dans la liste des ‘prédateurs de la liberté de la presse’ établie par notre organisation. Il s’agirait là d’une première pour un chef de gouvernement européen”, avait souligné Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières. “Nous allons bientôt publier la nouvelle édition de notre classement mondial de la liberté de la presse, et l’Italie a toutes les chances d’y tenir la dernière place parmi les pays de l’UE.” Depuis plusieurs semaines, le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, a multiplié les pressions sur les médias et les atteintes directes à la liberté de la presse. Il réclame ainsi un million d’euros de dommages et intérêts à La Repubblica, car le journal lui demande depuis deux mois de s’expliquer sur sa vie privée et l’origine de ses relations avec une mineure et des "escort girls" qui affirment avoir participé à des fêtes dans ses villas de Rome et de Sardaigne. Trois millions d’euros sont encore réclamés au quotidien L’Unità, qui a enquêté sur un scandale de corruption lié à l’organisation de réceptions pour le chef du gouvernement. Non content de chercher à imposer aux télévisions publiques et aux médias appartenant à son empire de presse, Mediaset, un traitement édulcoré et positif de ses activités, Silvio Berlusconi entend aujourd’hui dicter leur ligne éditoriale aux médias indépendants italiens et internationaux. Des demandes de dommages et intérêts visent le quotidien espagnol El Pais pour la publication de photos, ainsi que l’hebdomadaire français Le Nouvel Observateur pour un article intitulé "Sexe, pouvoir et mensonges", qui évoquait une infiltration de la mafia russe au sommet de l’Etat italien. Le président du Conseil envisage également des actions contre la presse anglo-saxonne du groupe Murdoch, mélangeant au passage ses intérêts privés avec ceux de l’Etat. A l’initiative du groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ALDE) et du député italien Niccolò Rinaldi (ALDE), le Parlement européen a inscrit à l’ordre du jour de sa séance plénière du 7 octobre 2009 un débat sur la liberté de presse et d’information en Italie. Les députés européens des principaux groupes politiques entendent ainsi démontrer que les questions soulevées par la situation italienne constituent un enjeu qui dépasse de loin les seules frontières de la péninsule. Ce débat pourrait aboutir à une proposition de résolution soumise au vote lors de la séance plénière prévue à Strasbourg du 19 au 22 octobre 2009. Leggere in Italiano: Italia - Basta Cosi' : Silvio Berlusconi si avvicina alla lista dei predatori della libertà di stampa
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Updated on 20.01.2016