Reporters sans frontières relaie les questions d’internautes sur la liberté d’information au vice-président chinois 2/2

Reporters sans frontières publie la lettre ouverte adressée ce jour au vice-président chinois Xi Jinping. Le 14 février 2012, l’organisation avait proposé aux internautes de poser leurs questions sur la liberté d’information en Chine par l’intermédiaire des réseaux sociaux utilisés par l’organisation. A cette occasion, l’organisation avait créé des comptes sur plusieurs réseaux sociaux chinois, qui ont été bloqués depuis. Reporters sans frontières regrette que les censeurs chinois n'aient pas donné la possibilité à leurs concitoyens de participer à un débat qui se voulait constructif. _______________ A l'attention de Monsieur Xi Jinping, Vice-président de la République populaire de Chine Paris le 15 février 2012, Monsieur le vice-président, Depuis plus de 25 ans, Reporters sans frontières, organisation de défense de la liberté de la presse et de l'information, lutte pour la libération des journalistes et des internautes, emprisonnés pour avoir simplement publié des informations jugées "criminelles" par la justice chinoise, pour la dépénalisation des délits de presse, l'abolition de la censure par l’État des médias et la libre circulation de l'information dans le pays et sur Internet. Exceptée la brève prise de contact avec les autorités chinoises en 2007, les tentatives de l'organisation d'ouvrir un dialogue constructif avec la Chine sur ces questions, comme elle le fait avec d'autres gouvernements en Asie et dans le reste du monde, sont restées lettre morte. Aujourd'hui, alors que vous êtes en visite à Washington, et parce que vous avez déclaré que "la Chine (était) prête pour un dialogue franc sur les droits humains", Reporters sans frontières réitère sa proposition d'entamer un dialogue sur la question de la liberté d'information, et se dit prête à se mettre à l'entière disposition du gouvernement chinois pour l'assister dans la tâche, qui est également sa responsabilité et son devoir, d'améliorer la situation de la liberté d'information dans le pays. Reporters sans frontières a proposé hier, 14 février 2012, aux internautes de relayer auprès de vos services leurs questions sur la liberté de la presse. Cette initiative se veut une nouvelle tentative de dialogue, les précédentes ayant jusqu'ici toutes échouées. Nous tenons à vous rappeler que Reporters sans frontières est une organisation indépendante, dont les préoccupations et les dénonciations ne sont que les résultats de nombreuses demandes d'aide de citoyens chinois et étrangers résidant dans le pays, et ne répondent en aucun cas à une volonté d'ingérence dans les affaires internes de la Chine. Vingt-quatre heures après notre proposition aux internautes, nous vous présentons certaines des interrogations d'internautes qui nous ont contactés. Malheureusement, les comptes "Reporters sans frontières" que nous avions ouverts sur les plateformes Sina Weibo et Renren, afin d'offrir une possibilité accrue aux internautes en Chine de nous adresser leurs questions, ont été bloqués. Alors même qu’ils sont les premiers concernés, les internautes en Chine ne peuvent voir leurs demandes librement relayées par Reporters sans frontières. Cependant, de ce bref échange, ressortent les questions suivantes :  Les internautes chinois se mobilisent régulièrement pour dénoncer des affaires de corruption ou d'abus de pouvoir d'officiels. Pouvez-vous leur garantir une véritable liberté d'expression sur Internet, pour la poursuite de ces actions qui sont d'intérêt général?  Pourquoi les journalistes étrangers se voient-ils régulièrement empêchés de se déplacer librement ou d’interviewer une personne quand celle-ci est d’accord, alors que les régulations en vigueur les y autorisent ?  La communauté internationale souhaite en savoir davantage ce qui se passe dans les régions du Tibet et du Xinjiang. Pourquoi la situation de la liberté l’information diffère-t-elle des autres régions de Chine ? Y a-t-il des solutions pour améliorer la situation ?  Pouvez vous décrire la situation de la liberté de la presse et de l’information en Chine et expliquer pourquoi elle est si différente de celle de pays occidentaux, tels que les États-Unis ou certains pays d’Europe, alors que ces libertés sont censées être garanties par la constitution ?  Que pensez-vous de la situation de la liberté d’expression et d’information dans les pays occidentaux, et notamment de la liberté dont jouissent les journalistes chinois basés à l’étranger ?  La majeure partie des références aux printemps arabes ont été retirées de l'Internet chinois. Allez-vous permettre à vos concitoyens de débattre librement de l'avenir politique du pays et laisser les médias alimenter cette réflexion?  Nous sommes très inquiets du sort du dissident Gao Zhisheng. Est-il toujours en vie ?  En sortant du cadre des droits de l’homme, la censure de certains sites Internet d’information étrangers constitue également une infraction aux règles internationales du commerce. Quelles sont les mesures que le gouvernement chinois compte adopter pour remédier à ce problème ? Voici quelques unes des questions que se posent, comme Reporters sans frontières, des journalistes ou des citoyens de toutes nationalités. En espérant que vous comprendrez toute l’importance d’instaurer un dialogue sur la liberté de l’information en Chine et que vous donnerez une suite positive à notre requête, nous vous prions d’agréer, Monsieur le vice-président, l’expression de notre haute considération. Olivier Basille, Secrétaire général de Reporters sans frontières
Publié le
Updated on 20.01.2016