Reporters sans frontières regrette l'adoption de la loi pénalisant la négation du génocide arménien

Reporters sans frontières regrette vivement l'adoption par l'Assemblée nationale de la proposition de loi rendant passible de prison la négation du génocide de 1915. Les lois mémorielles, a rappelé l'organisation, contribuent à la constitution d'une vérité historique officielle, pratique indigne d'un régime démocratique. Elle espère que les sénateurs qui examineront prochainement le projet auront la sagesse de le repousser.

Reporters sans frontières ne peut que regretter l'adoption par l'Assemblée nationale, jeudi 12 octobre 2006, du projet de loi complétant celle du 29 janvier 2001 reconnaissant le génocide arménien et en pénalisant la négation. Celle-ci est désormais punissable de cinq ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende. « Il ne s'agit évidemment pas de remettre le génocide arménien en cause ; mais légiférer en la matière exposerait tout négateur aux lourdes poursuites judiciaires prévues par la loi du 18 juillet 1881 sur la liberté de la presse (article 24 bis). Les lois mémorielles contribuent à la constitution d'une vérité historique officielle. Cette pratique, indigne d'un régime démocratique, est incompatible avec les valeurs fondamentales de la France, à commencer par la liberté d'expression », a déploré l'organisation. « Non seulement il y a quelque chose d'absurde à ce que la libre expression - même contestable, là n'est pas la question - soit soumise à une contrainte qui est aussi une menace supplémentaire. Mais il nous semble que cette conception « justicière » de l'histoire a toutes les chances d'exacerber les antagonismes au lieu de favoriser le débat. Il est particulièrement symbolique que ce vote se soit tenu le jour même de l'attribution du prix Nobel de littérature à Orhan Pamouk, lui-même poursuivi par les autorités turques pour avoir évoqué ce génocide », a souligné Reporters sans frontières. Reporters sans frontières espère que les sénateurs qui examineront ce projet en deuxième lecture se montreront moins sensibles aux échéances électorales et auront la sagesse de le repousser. Il peut avoir des conséquences incalculables pour tous les historiens et, bien sûr, pour la liberté de la presse.
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Updated on 20.01.2016